Mystère de la Trinité

Publié le : 09 octobre 201811 mins de lecture

La trinité chrétienne est souvent présentée comme un dogme. Rien de bien scandaleux. La science aussi a ses dogmes issus de l’expérience. Mais la science résout des énigmes avec un dogme qui permet de faciliter leur résolution alors que la théologie expose à travers le dogme non pas une énigme mais des mystères et en l’occurrence le mystère de Dieu à travers le dogme de la trinité énonçant la consubstantialité et l’égalité en dignité des trois Personne de la trinité, le Père, Le Fils et le Saint-Esprit.

En cette période de célébration de la résurrection, la tentation de méditer sur les mystères chrétiens s’offre aux âmes, qu’elles soient en peine ou radieuses. Un authentique chrétien du 21ème siècle ne se contente pas de croire sur parole les choses révélées puis interprétées et écrites. Une foi authentique ne peut se nourrir uniquement de textes et de bonnes paroles. Elle doit être vécue et comprise. De même que les mystères qui, contrairement à ce qui fut décrété par les docteurs de l’Eglise, ne sont pas complètement incompréhensibles à l’homme et ne sont pas interdits d’en-quête. La grâce est la meilleure compagne de la révélation. Le mystère s’offre à la gnose. Pour peu que l’on décide de s’affranchir des limites de la Raison. Le mystère a ses raisons que la raison ne peut connaître, du moins la raison des philosophes. Y a-t-il une raison spéciale pour les théologiens ? C’est possible. Auquel cas, il faudra élucider cette énigme. A moins qu’il ne s’agisse aussi d’un élément du mystère.

La foi authentique doit se baser sur deux interprétations, celles du vécu personnel et celles des signes du divin laissés par les prophètes et les œuvres humaines, consignés dans les Ecritures, fixés dans les dogmes et les écrits légués par les docteurs de la foi. Lorsque le vécu rejoint la théologie, c’est comme si en science l’expérience rejoint la théorie. Il se produit un accord mystérieux mais en science, il s’agit d’ajustements. La foi est du domaine de l’Ethos, la science du domaine de la technique. La science peut néanmoins s’accorder avec la théologie sans pour autant nourrir la foi. Lorsqu’on est émerveillé par le vol d’un oiseau, la forêt ou les mathématiques de la physique, ce n’est pas parce que ces choses possèdent le merveilleux mais parce que notre esprit est pénétré d’une capacité d’émerveillement qui s’accorde à tout ce qui s’y prête, y compris les harmonies de Bach, Mozart ou Hindemith. La Nature peut agir sur son domaine propre. Le magnétisme d’un corps peut influer sur un autre corps. Mais l’émerveillement, la grâce, la révélation et toutes ces mystérieuses choses relèvent du domaine de l’Esprit.

C’est cela le Mystère et bien d’autres choses, racontées dans les écrits des sages et des prophètes. Les livres sacrés d’Occident et d’Orient recèlent tous une part de mystère. Pour un chrétien, le mystère fondamental, c’est celui de la Trinité. Un mystère dont le sens échappe aux croyants et qui ne se laisse pas interpréter avec les limites de la raison. La Trinité désigne trois Personnes divines, le Fils, le Père, le Saint-Esprit. Ces trois personnes sont distinctes mais consubstantielles et d’égale dignité. Cette Trinité n’a pas de sens pour un philosophe rationaliste. Elle a pourtant une signification mais pour cela, il faut reconnaître que la raison est impuissante à expliquer le mystère et si elle pouvait le faire, le mystère deviendrait une énigme résolue, ce qu’il n’est pas, Dieu merci ! On notera que dans la physique quantique une situation similaire se produit. Le monde quantique est décrit avec des fonctions d’onde. On ne sait pas ce qu’elles représentent mais on sait que pour prédire certaines expériences, cela fonctionne.

Que puis-je vous dire sur le mystère de la Trinité ? C’est qu’il peut fonctionner, à l’instar de la mécanique quantique mais avec une différence essentielle. C’est que derrière la Trinité, il y a non pas la Nature docile et ses énigmes mais le mystère et un « Dieu » libre. Il ne faut pas tenter de comprendre ce « Dieu trinitaire » avec des images ordinaires. La Trinité possède une efficace dans le temps. Si cette efficace s’est produite avec un éclat particulier il y a 2000 ans, c’est qu’elle peut revenir à tout moment, sans pour autant revêtir un éclat particulier. Le mystère est grand et ses effets sont infinis.

Si la Trinité possède une efficace, celle-ci est triple. En vérité, le Fils est le Nom de la Création, le Saint-Esprit le Nom de la Révélation et le Père le Nom de la Rédemption. L’histoire des hommes est parsemée de témoignages attestant de ces trois catégories d’efficace. La Création se trouve souvent dans les œuvres musicales. Les compositions de Bach, Mozart, Debussy, ou King Crimson et Pink Floyd, relèvent du mystère. La Création est derrière d’autres œuvres. A chacun de les découvrir. La Révélation représente la vérité, l’accord si on veut, un accord entre les vibrations de la pensée et les choses pensées. Les équations d’Einstein ou de Dirac relèvent de la Révélation. Et la Rédemption, nul besoin d’aller la chercher très loin. Elle est l’efficace de la grâce, du bonheur, du pardon. Etre chrétien, ce n’est pas croire à la Trinité et écouter les pieuses paroles, c’est accueillir le mystère, lui ouvrir la porte lorsqu’il se présente ou alors aller le chercher surtout là où il ne se trouve pas.

Ces quelques lignes improvisées avec inspiration sont celles d’un théologien libre penseur. Il est fort probable que ces propos n’aient rien de neuf, étant déjà écrits quelque part. Tout comme ceux qui suivent sur une certaine interprétation de la Trinité.

Dans la Trinité, le Fils désigne aussi le Verbe (créateur si vous voulez). L’Esprit-Saint, ou Paraclet dans les Evangiles, représente un intercesseur, un avocat. Le Père représente l’efficace de la Justice divine. L’Esprit-Saint possède une dynamique « théophysique », une sorte de « spin théologique » que les gnostiques et les pères de l’Eglise désignent comme spiration. Le Paraclet possède une double face, avocat pour l’homme, juge pour l’Eternel. L’homme est libre de ses actes. L’Eternel est libre de juger. Certains philosophes comme Schelling ont glosé sur la liberté de Dieu.

Autre note pour clore ces modestes éléments de théologie. Le Verbe est souvent associé au Logos et c’est une erreur pour qui a compris la Trinité. Il y a Le Verbe, le Logos et l’Eternel. Le Verbe est associé à la Création, le Logos est associé à l’Esprit de Vérité, l’Eternel est associé à la « Gravité » (cette Gravité étant à prendre dans plusieurs sens). La théologie trinitaire doit aussi inclure la dimension du Temps. L’Eternel ne peut pas créer, il a besoin du Verbe qui lui, dépend du temporel et prend son temps. Il a fallu deux milliards d’années pour passer des origines de la vie à l’humain. Le Verbe peut se comprendre à partir de la notion d’autoconstituant extraite des éléments de théologie de Proclus. Temporel et éternel à la fois.

Il n’y a pas deux cités comme le pensait Augustin mais deux temporalités. La première est celle du temps terrestre, physique, charnel ; ce temps du verbe immanent, qui construit mais aussi peut détruire à l’image du dieu païen Kronos. Le verbe immanent est historique ; il est même le temps comme efficience. Le verbe agit avec le temps. Ensuite, le mystère advient quand c’Est le Temps. Ou alors il n’advient pas. L’accord entre le verbe immanent et le mystère reste un mystère qui pourrait s’éclaircir en partie, révélant alors un autre mystère. Le verbe immanent est indispensable à la Création, il se nourrit d’expériences temporelles et d’informations pour parler en terme de nouvelle physique.

N’oublions pas que Jésus fut le fils de l’Homme avant d’être Fils de Dieu. On pourrait dire maintenant qu’il fut le fils du temps. Deux milliards d’années entre la vie et l’apparition de l’homme. Une paraphrase d’une célèbre formule. Rendre à Darwin ce qui est à Darwin et au Mystère ce qui est au Mystère.

L’efficace du mystère suppose une temporalité qui obéit au principe de l’attente et à la vertu théologale de l’espérance. La patiente n’est qu’une vertu cardinale qui organise l’existence temporelle. Quand le train n’est pas encore arrivé, il faut juste être patient. Quand on construit une œuvre, il faut aussi jouer de la patience. Le mystère possède une efficace qui « influe » sans que l’on ne puisse en déterminer le moment, la fréquence, l’intensité ou même la longue absence. Le mieux est d’espérer sans passer son temps à attendre et agir au mieux avec sa volonté. Et ne jamais renoncer à l’espérance. C’est l’enseignement que l’on peut tirer du livre de Job. Le mystère n’est plus adapté à notre époque où l’individu est devenu impatient, se presse à en devenir capricieux et se détourne de l’attente en s’aliénant dans les divertissements et le consumérisme pour satisfaire ses désirs immédiats.

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