Transition allemande: Pas brillant pour les énergéticiens

Publié le : 05 octobre 20184 mins de lecture

J’avais eu l’occasion, dans un message du 16 décembre 2014 de vous signaler les difficultés que rencontraient les énergéticiens allemands à la suite de l’évolution drastique dans leur pays du paysage énergétique avec d’un coté la fermeture de 7 centrales nucléaires immédiatement après la catastrophe de Fukushima sans aucune indemnisation, de l’autre les subventions accordées aux énergies renouvelables et la priorité qui est donné à l’électricité qu’elles produisent pour leurs accès aux réseaux, les effets pervers de l’émergence des gaz de schistes américains qui ont fait se déverser vers l’Europe du charbon à bas prix, et la crise économique qui s’est traduit par une baisse générale des prix de l’électricité sur le marché industriel !

Bref on a réussi en Allemagne à dépenser un maximum de subventions pour l’énergie éolienne, à générer des émissions de CO2 et d’autres polluants à cause de l’émergence du charbon et à mettre en grandes difficultés économiques les énergéticiens allemands. Sans compter qu’entre temps les chinois ont tué l’industrie des panneaux photovoltaîques en Allemagne.

E.ON, le premier d’entre ces énergéticiens vient d’annoncer, comme résultat de ces facteurs d’évolution de ce marché, une perte de 3,2 milliards d’euros pour son exercice 2014 sur un chiffre d’affaire en baisse de 7pct et 4,5 milliards d’euros de dépréciation d’actifs. Même la taxe sur le combustible nucléaire, qu’ils continuent à payer alors qu’il n’en utilisent plus, et dont les énergéticiens allemands avaient attaqué la validité en justice avec des jugements favorables en première instance devant les tribunaux allemands, a été finalement confirmée devant la Cour de Justice Européenne comme conforme au droit européen!

Bref rien ne va plus pour eux. J’avais eu l’occasion de vous faire part de la décision du management d’E.ON de couper la société en deux, une partie dit « nouvel » E.ON qui gérera les actifs à énergies renouvelables et une partie « ancien »E.ON qui gérera les actifs traditionnels mais dont on ne voit pas bien qui pourrait investir dedans alors que sa famille les laissent tomber. C’est en tous cas la seule idée que le management a trouvé pour éviter de courir à la catastrophe.

Coté de son grand confrère RWE, c’est 25 pct de baisse du résultat qui a été constatée, la troisième baisse consécutive du résultat et la constatation que 35 à 45 pct des centrales seraient déficitaires. Pour autant RWE n’entend pas s’en séparer comme E.ON. Elle cherche plutôt du secours auprès d’investisseurs extérieurs dont des investisseurs d’Abu Dhabi, qui seraient intéressés par une prise de participation de 10 pct au capital. « Nous ne sommes pas encore sortis de la vallée des larmes » a dit son président !  

Même son de cloche chez EnBW et Vattenfall qui a mis en vente ses centrales au charbon. Le tout, forcément, sur fond de destruction d’emplois et d’inquiétudes sociales fortes.

Fallait il aller aussi loin et aussi brutalement dans la transition énergétique que l’on mette en grand danger ces fleurons de l’industrie allemande, vouer leurs actifs à la casse et leurs personnels aussi plutôt que de faire une sortie en siffet? On peut se poser la question et je vous en laisse seul juge…

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