Valls versus Fillon : l’inversion des caractères

Publié le : 11 août 202122 mins de lecture

« Certains pensent que l’on convaincra les Français en prenant tous les virages en serrant vers la droite, d’autres en conduisant au milieu de la route, sans parler des démagogues qui disent qu’on peut lâcher le volant et regarder derrière soi. Moi, je ne veux pas découper la France en tranches, je la prends comme un bloc, avec amour, avec la conviction qu’il faut se réinventer ensemble pour espérer, proposer et agir. » (François Fillon, le 30 mai 2015 à Paris).

Au cours de l’émission « Des paroles et des actes » diffusée en direct ce jeudi 24 septembre 2015 sur France 2 et animée par David Pujadas, le Premier Ministre Manuel Valls, qui en était l’invité principal, fut en particulier confronté en duel à son prédécesseur François Fillon. Ces deux personnalités nourrissent aujourd’hui, dans des contextes très différents, une ambition présidentielle crédible. La bataille fut courtoise mais sans concession. Manuel Valls se hollandise tandis que François Fillon se radicalise.

Débat Valls vs Fillon

Ce genre de duel télévisé est intéressant en communication politique et reste encore bien trop peu exploité par les médias, en dehors des traditionnels débats de second tour d’une élection présidentielle. Ces confrontations permettent un échange direct plus ou moins constructif entre deux personnalités éminentes qui prétendent diriger le pays. Ainsi, le débat entre Raymond Barre, alors Premier Ministre, et François Mitterrand, chef de l’opposition, le 12 mai 1977 sur TF1 (suivi par 28 millions de téléspectateurs !) ; le débat entre Laurent Fabius, Premier Ministre, et Jacques Chirac, chef de l’opposition, le 27 octobre 1985 sur TF1 ; le débat entre Alain Juppé, ministre éminent, et François Hollande, candidat investi par la primaire, le 26 janvier 2012 sur France 2 ; ou encore le débat entre Nicolas Sarkozy, Président de la République, et Laurent Fabius, dans l’opposition, le 6 mars 2012 sur France 2.

Le débat Manuel Valls versus François Fillon a été tout autant intéressant. Déjà, il faut admettre qu’il s’est tenu dans des conditions très courtoises, ce qui n’est plus forcément très fréquent en ce moment. Il marque également le retour dans les médias de François Fillon assez effacé depuis plusieurs mois.

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Fillon, la course de fond

En effet, l’image de François Fillon a été assez écornée par son duel fratricide avec Jean-François Copé pour prendre le contrôle de l’UMP en 2012 et ses déclarations maladroites le 8 septembre 2013 sur Europe 1 sur l’éventuel choix au second tour entre un candidat du PS et un candidat du FN (« Je conseille de voter pour le moins sectaire. ») avaient suscité le doute chez ceux qui, jusque là, avaient reconnu en lui un homme hors de la « mode des pains au chocolat« .

François Fillon avait déclaré sa candidature à l’élection présidentielle quasiment au début de l’été 2012. Depuis deux ans et demi, il est resté plutôt en retrait car il travaille sur son projet présidentiel et c’est reconnu qu’il est, des candidats de son camp, celui qui a le plus travaillé sur les idées, au cours de nombreuses tables rondes menées dans le cadre de son club « Force républicaine », bénéficiant d’un grand réseau de parlementaires et d’élus locaux.

En ce sens, François Fillon, pour la primaire, est le candidat qui a le plus d’atouts en théorie par rapport à ses concurrents des Républicains : il a un caractère beaucoup plus consensuel que Nicolas Sarkozy, il a un âge moins canonique que l’ancien Premier Ministre Alain Juppé, il a une expérience d’homme d’État beaucoup plus convaincante que Bruno Le Maire, il a une densité programmatique bien plus étoffée que Xavier Bertrand, etc.

Son seul handicap, lourd pour une élection présidentielle, c’est qu’il n’est pas parmi les favoris dans les sondages. Il joue plus la tortue que le lièvre, menant son bonhomme de chemin avec une cohérence que personne ne pourra lui ôter.

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Le mou et le dur…

Dans son intervention en face de Manuel Valls, François Fillon a évoqué tous les problèmes que la France connaît, admettant d’ailleurs qu’ils ne datent pas seulement de 2012 et qu’il a lui-même une part de responsabilité dans ce qui arrive en ce moment. Sa réflexion a abouti à la nécessité d’un véritable choc psychologique. Il ne croit plus aux réformes modérées (ce qu’a finalement fait Nicolas Sarkozy) ou édulcorée (la méthode de François Hollande). Il considère qu’il faut un choc de compétitivité, rapide, des réformes accélérées sur cent jours. Et qu’il y a urgence.

Dans son préambule, il s’est étonné de ne plus reconnaître le Manuel Valls de 2009, celui qui était dans l’opposition, qui remettait en cause les 35 heures, qui proposait la possibilité de statistiques ethniques (ce qui est fondamentalement stupide), qui n’avait aucun tabou (comme Nicolas Sarkozy).

Ses amis Républicains pourraient regretter son manque de combativité au cours de cet échange télévisé, mais il s’était placé dans ce débat plutôt dans le sens de l’intérêt général, en prenant de la hauteur, sans égocentrisme. François Fillon n’a pas voulu critiquer le gouvernement de Manuel Valls (ce qui aurait été de bonne guerre) mais lui soumettre deux propositions.

Une intervention en Syrie ?

La première est de renforcer les fonds consacrés aux réfugiés de Syrie et d’Irak. Contrairement à la plupart de ses compagnons politiques, François Fillon a été fortement favorable à l’accueil des réfugiés (cela fait plusieurs années qu’il soutient activement les chrétiens d’Orient notamment) et trouve l’objectif de 30 000 réfugiés sur deux ans très peu ambitieux et peu convaincant alors qu’il y en a déjà 500 000 sur le territoire européen depuis le début de l’année.

Dans cette question, il a évoqué la nécessité d’agir en amont, en détruisant le Daech, véritable menace pour la paix mondiale, en concentrant toutes les forces contre ces terroristes, en concertation avec la Russie (François Fillon s’est montré depuis quelques années assez proche de Vladimir Poutine) et sans exclure une alliance avec le régime syrien actuel.

Dans sa réponse, Manuel Valls a refusé toute intervention militaire au sol de la France, qui renforcerait la confusion et l’instabilité, et a refusé toute augmentation du nombre de réfugiés que la France peut accueillir.

Le vendeur de glaces

La seconde proposition de François Fillon, c’est de faire une réforme radicale du code du travail pour donner aux entreprises les moyens de retrouver leur compétitivité, avec plus de souplesse dans le marché du travail. François Fillon est même prêt à soutenir toute action du gouvernement en ce sens, et a rappelé que la loi Macron aurait un effet dérisoire sur l’économie française. Il a cité l’exemple du référendum consultatif pour 800 salariés sur le temps de travail chez Smart à Hambach, en Lorraine (et pas en Alsace comme il l’a situé), qui a eu lieu le 11 septembre 2015 où 56% ont approuvé le retour des 39 heures payées 37 heures avec garantie d’emploi jusqu’en 2020, mais les organisations syndicales ont fait obstruction.

Manuel Valls a considéré que toute réforme radicale serait brutale et ne pourrait être acceptée par les Français. Il a d’ailleurs réduit le discours économique de François Fillon à une sorte de synthèse de Margaret Thatcher et de Gerhard Schröder. Il a cependant annoncé qu’à la suite du rapport sur le code du travail et la négociation collective fait par Jean-Denis Combrexelle et remis le 9 septembre 2015, il déposerait un projet de loi fin 2015 ou début 2016 pour réformer le code du travail en concertation avec tous les acteurs.

Tout en soutenant très vivement son Ministre de l’Économie, Emmanuel Macron, présent sur le plateau, Manuel Valls a mis trois limites dans sa future tentative de réforme : conserver les 35 heures, ne pas supprimer le CDI (contrat à durée indéterminé) et ne pas supprimer le SMIC. Manuel Valls a également introduit dans ses propos le « vendeur de glaces » qui a deux employés et qui a plus de travail l’été que l’hiver (ce « vendeur de glaces » aura-t-il le même succès médiatique que le fameux … »plombier polonais » qui avait plombé le TCE ?). François Fillon a regretté que le gouvernement ne comprenne pas l’urgence à réformer.

À défaut d’inversion de courbe…

Pour l’anecdote, Manuel Valls n’a pas hésité à lancer quelques petits scuds contre son contradicteur, notamment qu’il ne publierait jamais un livre où il déverserait du ressentiment sur François Hollande, allusion au récent livre de François Fillon (« Faire », éd. Albin Michel, sorti le 21 septembre 2015) qui critiquait Nicolas Sarkozy qui l’avait nommé à Matignon (qui n’est pas un « enfer » pour Manuel Valls, trop content de diriger le pays). Quant à François Fillon, il a su citer une phrase de François Mitterrand : « La liberté est une rupture. » qui tient lieu de fil conducteur à ses propositions.

Le duel entre François Fillon et Manuel Valls a donc montré une étrange inversion des rôles, inversion des caractères. Manuel Valls, considéré comme volontaire et « brutal », se serait « hollandisé » en ne proposant que des réformettes sans grande conséquence sur l’économie, de peur de mettre sa gauche dans la rue, tandis que François Fillon, avec une réputation tenace de mollesse, a avancé des propositions de « rupture » très « radicales » qui cassent cette image de manque d’audace (depuis 2012, François Fillon en n’a pas manqué en briguant la présidence de l’UMP et en se déclarant candidat).

Le conseil des ministres sur France 2

Ce débat terminait la très longue émission qui mettait en lumière l’action du Premier Ministre Manuel Valls. Je reviens donc sur le reste de cette émission qui, comme toujours, traîne en longueur (presque trois heures !), assez agaçante par la présentation de David Pujadas (qui se focalise souvent sur la surface des choses et pas sur l’essentiel), mais elle a l’avantage d’exister puisqu’elle est la seule émission politique sur une chaîne de télévision généraliste à la première heure d’écoute. N’est pas « L’Heure de Vérité » qui veut !

Manuel Valls a fait venir dix-sept membres de son gouvernement sur le plateau, pour montrer qu’il a l’esprit d’équipe. Derrière lui, on voyait notamment Marisol Touraine, Najat Vallaud-Belkacem, Stéphane Le Foll, Marylise Lebranchu, Jean-Yves Le Drian, Emmanuel Macron, Ségolène Royal, Bernard Cazeneuve, Myriam El Khomri, Christiane Taubira, Michel Sapin, Pascal Kanner, George Pau-Langevin, Jean-Marie Le Guen, Harlem Désir, etc. (en l’absence de Fleur Pellerin qui assistait aux côtés de François Hollande à la « magnifique création de Benjamin Millepied » [chorégraphe] à l’Opéra de Paris). Ce qui a évidemment suscité quelques plaisanteries sur Twitter comme celle-ci : « Alerte : le conseil des ministres aura lieu le jeudi à 20h55. » ou encore : « David Pujadas pourrait-il laisser le conseil des ministres se dérouler normalement ? ».

Macronades au menu

Évidemment, Manuel Valls n’a pas eu beaucoup de chance dans sa prestation car des statistiques très mauvaises sur le chômage venaient d’être publiées quelques heures auparavant : 20 600 demandeurs d’emploi de la catégorie A supplémentaires en août 2015, ce qui a hissé le pays à son record historique de 3 835 100 demandeurs d’emploi de la catégorie A au 31 août 2015 (5 726 300 pour les catégories A, B et C).

Manuel Valls a dû s’expliquer aussi sur les propos d’Emmanuel Macron qui voulait revoir le statut des fonctionnaires (il l’avait recadré lors d’un discours le 20 septembre 2015 au congrès du PRG à Montpellier) et sur les propos de Martine Aubry qui avait dit son « ras-le-bol » des « macronades » au cours d’une conférence de presse le 23 septembre 2015 à Lille (il faut noter que Martine Aubry a brillé par son absence systémique du combat politique, ici électoral pour les régionales).

Les réfugiés syriens empêchent le sport des Allemands

Interrogé sur le nombre de réfugiés illusoire par rapport à la réalité, Manuel Valls a refusé d’aller plus loin que 30 000, seuil qui lui paraît compatible avec à la fois les difficultés économiques du pays et le devoir d’asile. Il a même critiqué l’Allemagne qui accueille bien plus de réfugiés en affirmant que 26 000 réfugiés ont été accueillis à Berlin, qu’ils sont logés dans des gymnases et que pour l’instant, il n’y a plus d’activité sportive (cette remarque est assez déconcertante mais n’a pas été relevée, celle de mettre dans la balance l’absence momentanée de sport et la protection de  la vie de milliers de personnes !).

Petit moment d’émotion quand fut évoqué l’ancien ministre Bernard Stasi qui avait publié dans les années 1980 un livre qui a fait date : « L’Immigration, une chance pour la France ».

Manuel Valls a été interrogé par une étudiante niçoise, Feiza Ben Mohamed (au charme indiscutable !) qui s’occupe d’aider les réfugiés à Nice (l’an dernier, il y en a même eu plus sans l’écho médiatique d’aujourd’hui) et elle lui a demandé de renforcer les capacités d’accueil. Elle a insisté sur le fait qu’à l’origine, elle aidait les SDF français et qu’aider les réfugiés ne se faisait pas au détriment des Français en difficulté comme certains voudraient le faire croire pour se donner bonne conscience.

Combattre le FN ?

Sur les élections régionales, Manuel Valls a refusé de dire qu’il demanderait le désistement de la liste socialiste aux régionales dans la région Nord si elle arrivait en troisième position et si son maintien précipitait l’élection de Marine Le Pen à la tête de la région, mais il l’a pensé très fort en affirmant que ce serait un comble que l’année 2015 commençât par les attentats de « Charlie Hebdo » et terminât par la victoire du FN.

Il a juste rappelé sa règle de conduite qui tient à trois points : 1° tout faire pour empêcher la victoire du FN ; 2° rassembler la gauche car seule, son unité peut empêcher la débâcle ; 3° demander à la droite de garder l’esprit de responsabilité pour ne pas courir après les idées du FN. Il a d’ailleurs rendu hommage au sens des responsabilités de certains maires d’opposition, comme Alain Juppé (Bordeaux), François Bayrou (Pau) et Gaël Perdriau (Saint-Étienne).

Le premier à se prendre au sérieux

Manuel Valls n’a pas caché que son ambition était de transformer la gauche sur deux sujets importants : la sécurité et l’autorité, qu’il considère comme des valeurs de gauche (pourquoi parler toujours de gauche et pas du pays tout entier ?) et sur le rapport de la gauche aux entreprises qui concourent à l’enrichissement du pays (on ne peut pas distribuer sans auparavant avoir des entreprises qui font du profit).

La dernière partie de l’émission, consacrée aux réseaux sociaux sur Internet et à un sondage immédiat, était particulièrement lamentable de la part des organisateurs de l’émission, sorte d’égo-nombrilisme du monde médiatique où l’on parle de ceux qui parlent de soi !

Manuel Valls s’est montré rabat-joie, sans autodérision, une absence de sens de l’humour en refusant de lire une plaisanterie contre lui (sans aucun intérêt d’ailleurs) et en rappelant qu’il ne rigolait pas car la France est sur le fil du rasoir, qu’il y a de la générosité comme l’ont démontré les manifestations du 11 janvier 2015, mais qu’il y avait aussi beaucoup de peurs et de frustrations qui pouvaient mener au pouvoir des mouvements populistes extrémistes, ce qui l’a fait conclure ainsi : « Peur, jamais ! Engagement, toujours ! ».

Enfin, le sondage sur l’effet de l’émission était aussi laborieux qu’inutile, puisque la conclusion de cette enquête d’opinion a été : cette émission n’a entraîné aucun effet sur l’opinion des sondés sur les capacités à convaincre et à gouverner. C’était bien la peine d’utiliser tous ces verbiages inutiles pour enfoncer une porte ouverte.

L’ambition de Valls

En résumé, j’ai senti Manuel Valls plus sur la défensive que dans une maîtrise complète de son agenda politique. Sa cote de popularité chute alors que celle d’Emmanuel Macron (pourtant si contesté à gauche) est au beau fixe (même chez les militants de gauche !). Emmanuel Macron, pas moins ambitieux que le chef du gouvernement, qui aurait confié à Alain Minc son intention de se présenter un jour à l’élection présidentielle, serait en quelques sortes un nouveau Jacques Delors, hors de l’appareil du PS dont il ne comprend rien mais apprécié pour sa franchise (« Je dis ce que je pense et je pense ce que je dis ! » revendiquait-il le 20 septembre 2015).

On pourrait penser que Manuel Valls serait sur la même niche politique mais je ne le crois pas, d’autant plus que ce serait Manuel Valls qui aurait insisté pour qu’il fût nommé à Bercy après l’éviction de son prédécesseur Arnaud Montebourg (qui, depuis, a pris des cours d’économie pour savoir ce qu’étaient des entreprises, dommage qu’il ne les a pas suivis avant de devenir ministre !). Il voulait une personnalité compétente à ce poste crucial.

Plutôt que d’être comparé à Nicolas Sarkozy (par son énergie et son ambition obsédante), je crois qu’il pourrait être comparé à Jacques Chirac qui a été surtout très pragmatique sur le fond à l’exception d’un seul point, les valeurs républicaines. Or, il est incontestable que Manuel Valls a des convictions sur la défense des idées républicaines, et son discours à l’Assemblée Nationale le 13 janvier 2015 a été salué par toute la classe politique. Mais uniquement sur ce sujet-là.

Sur les autres sujets, et en particulier économique et sociale, il a prouvé que les idées exprimées dans l’opposition (TVA sociale, retour des 39 heures, etc.) n’étaient que des postures politiciennes pour prendre marque au cours de la primaire socialiste d’octobre 2011 mais ne correspondait pas à son action à la tête du gouvernement. L’ambition de Manuel Valls, ce n’est pas d’être contraint à rester dans l’aile sociale-libérale du PS, c’est de prendre la tête du PS en 2017 et par conséquent, être en capacité de rassembler tout ce parti pourtant très hétérogène sur les idées. En ce sens, il se hollandise pour chercher à faire la synthèse sur des positions pourtant inconciliables, et le résultat inéluctable, c’est l’immobilisme malgré le dynamisme de vitrine.

Ce n’est donc naturellement pas une simple émission de télévision qui rendra la cohérence à l’action de ce gouvernement qui cherche toujours sur sa gauche des appuis qu’il trouverait pourtant plus aisément au centre droit…

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