« Courbet, une révolution érotique »

Publié le : 23 août 20184 mins de lecture

L’œuvre de Gustave Courbet, prise dans son ensemble, fait l’objet d’une abondante littérature critique. Plusieurs ouvrages traitent aussi de thèmes spécifiques, comme les scènes de chasse, les paysages de mer ou de Franche-Comté, les rapports du peintre avec la photographie. Mais, curieusement, aucune étude n’avait jusqu’à présent exploré l’œuvre érotique de l’artiste, alors que cette thématique se révèle centrale dans la production du maître-peintre d’Ornans, dont elle constitue probablement la part la plus subversive, à travers le portrait, les scènes de la vie quotidienne, le nu ou le traitement, abordé à l’époque par la poésie et la littérature, mais absent de la peinture, de l’homosexualité féminine.

C’est à cette question de l’Eros chez Courbet que je viens de consacrer un essai, sous le titre Courbet, une révolution érotique (Bartillat, 224 pages, 24 €). Je me garderai bien de porter tout jugement sur ce livre, fruit de plusieurs années de recherches, c’est pourquoi je me limiterai ici, pour l’information des lecteurs, à reproduire un extrait de la quatrième de couverture :

« Au cœur d’un XIXe siècle puritain, Gustave Courbet allait déclencher une révolution érotique et plastique ; bousculant l’ordre esthétique et moral, il proposa, en lieu et place des déesses ou des muses idéalisées, la représentation de femmes nues bien réelles, naturelles jusque dans leurs imperfections physiques, chargées d’une sensualité troublante, dérangeante.

Passant outre les alibis thématiques convenus, le peintre s’attacha à composer une scène érotique transgressive qui, des portraits aux peintures de genre, plaça la Femme de son temps au centre des débats. L’importance qu’il accorda notamment au saphisme, à travers un réseau d’images explicites, montre l’audace dont il savait faire preuve face à un tabou majeur de l’époque.

Sans doute l’œuvre la plus célèbre de Courbet est-elle L’Origine du monde, aboutissement d’une démarche intellectuelle qui restituait au corps de la Femme ce sexe matériel dont l’art, depuis la Grèce antique, l’avait privé ; cependant, d’autres toiles concentrent une charge libidinale tout aussi puissante aux yeux de qui sait les regarder.

Pourquoi le modèle nu debout près du chevalet, dans L’Atelier du peintre, possède-t-il une surprenante connotation érotique en dépit de sa pose plutôt sage ? Pourquoi les Demoiselles des bords de la Seine, pourtant vêtues, sont-elles déshabillées ? Quels indices le peintre avait-il dissimulé dans certains de ses tableaux, comme Le Sommeil, pour suggérer que ses héroïnes venaient de ressentir une jouissance sexuelle intense ?

Autant d’interrogations qui sont ici abordées, à travers la soixantaine de toiles qui compose l’œuvre érotique du peintre, dont certaines sont inédites. »

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