Donner un volet politique à l’euro, c’est maintenant !

Publié le : 04 octobre 20185 mins de lecture

REUTERS/Thomas Peter

Depuis cinq ans, les Cassandre s’en sont données à cœur joie : l’Union et surtout l’euro ne peuvent que disparaître, c’est une question de mois, de semaines, de jours. Car l’Europe n’a pas été le bouclier promis contre la crise, les marchés se méfient de la monnaie unique et surtout les opinions publiques n’y croient plus.

Partout, les partis eurosceptiques et europhobes ont prospéré sur la désespérance sociale, accusant l’Union et l’euro de tous les maux et promettant des lendemains nationaux qui chantent. Même les partis de gouvernement ont, pour la plupart, renoncé à défendre la construction communautaire, de peur d’être accusés d’être les fourriers des politiques d’austérité, voire de vouloir détruire leur nation. Proposer davantage d’intégration apparaît désormais comme suicidaire, même si c’est pour pallier les imperfections d’une construction que même ses concepteurs savaient inachevées. François Hollande, le chef de l’État français, est l’incarnation parfaite de ce fédéralisme honteux : ce pro-européen convaincu observe un silence religieux sur le sujet depuis trois ans et préfère renvoyer à des lendemains lointains tout approfondissement de la zone euro. La nouvelle pensée unique en ce début de XXIe siècle est, au pire, eurosceptique, au mieux, eurotiède.

Mais l’année 2015 pourrait constituer un tournant dans le chemin de croix de l’Union et de la zone euro. La crise économique est clairement derrière nous, même s’il faudra du temps pour que le chômage revienne à son niveau de 2008 ; l’Irlande, le Portugal, l’Espagne et bientôt Chypre se sont redressés spectaculairement ; la Banque centrale européenne, accusée d’être la continuatrice des monétaristes rigides de la Bundesbank a montré qu’elle ne s’embarrassait pas du respect des traités dès lors qu’il fallait sauver l’euro et relancer l’économie ; en dépit de leurs divergences, les États de la zone euro ont poursuivi leur intégration (notamment, avec le Mécanisme européen de stabilité et l’union bancaire qui transfère la surveillance des banques à la BCE) ; et surtout, les opinions publiques sont en train de se réconcilier avec l’idée européenne. Un sondage effectué dans les six grands pays de l’Union, dont la France, par le Pew research center, un organisme américain qui scrute les opinions publiques du monde entier, et publié mardi, montre un redressement spectaculaire du sentiment pro-européen après un plus bas atteint en 2013, juste après le pic de la crise de la zone euro (de 52 % à 61 %, y compris en Grande-Bretagne).

L’attachement à la monnaie unique n’a jamais été aussi fort (sauf en Italie, mais là aussi le rebond est impressionnant). « Pour paraphraser Mark Twain (…), les récents rapports annonçant la mort de l’UE étaient grandement exagérés » s’amuse l’auteur de l’étude, Bruce Stokes.

Ce n’est sans doute pas un hasard si des politiques osent à nouveau sortir du bois. C’est le cas des ministres de l’économie français, Emmanuel Macron, et allemand, Sigmar Gabriel, qui, dans une tribune publiée jeudi, proposent de réformer les traités afin de doter la zone euro d’un budget propre, de créer un Trésor européen, d’instaurer un contrôle démocratique (inexistant aujourd’hui comme le montrent les négociations avec la Grèce) de la Commission et de l’Eurogroupe, d’harmoniser le salaire minimum et l’impôt sur les sociétés, etc.. Macron veut même aller plus loin et mutualiser une partie de l’assurance chômage. Si la chancelière Angela Merkel est prête à suivre, reste l’inconnu François Hollande qui ne s’est toujours remis du référendum de 2005. C’est pourtant le moment d’achever la construction d’une Europe monétaire bancale afin de réconcilier durablement les peuples avec leur monnaie.

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