Été 1989 : la brèche polonaise dans l’Empire soviétique

Les premières élections partiellement libres en Pologne ont entraîné un vent de libéralisation en Europe centrale et orientale qui a abouti à la chute du mur de Berlin, à la fin de l’Union Soviétique et à l’unification de l’Europe.

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Il y a exactement vingt-cinq ans s’est tenu le second tour des élections législatives du 18 juin 1989 en Pologne. Au contraire des précédentes, ce fut les premières élections où des partis « non officiels » pouvaient se présenter, résultat d’une table ronde entre le gouvernement communiste du général Jaruzelski (qui vient de mourir le 25 mai 2014) et le syndicat Solidarnosc de Lech Walesa. Plusieurs acteurs de premier plan de cette histoire polonaise se sont d’ailleurs éteints ces derniers mois.

La table ronde du début 1989

Une première réforme institutionnelle fut rejetée par le référendum du 29 novembre 1987 proposée par Zibgniew Messner (mort le 10 janvier 2014), Premier Ministre du 6 novembre 1985 au 27 septembre 1988. Ce fut d’ailleurs le premier échec électoral communiste dans un pays communiste. Seulement 46,3% des électeurs polonais inscrits s’étaient prononcés en faveur des réformes politiques, à cause du boycott d’un tiers de l’électorat (67,3% de participation seulement).

Ce furent deux vagues de grèves très dures, une à partir du 15 avril 1988 à Bydgoszcz et une autre à partir du 15 août 1988 en Silésie qui ont convaincu le pouvoir communiste d’engager des négociations avec Solidarnosc, qui serait le tampon entre le peuple et le gouvernement pendant la crise économique. Le 31 août 1988, eurent lieu les premières rencontres entre Lech Walesa et le Ministre de l’Intérieur, le général Czeslaw Kiszczak.

Czeslaw Kiszczak fut l’un des hommes forts du régime communiste en Pologne. Il dirigea les services secrets, puis fut Ministre de l’Intérieur du 31 juillet 1981 au 6 juillet 1990, notamment au moment de l’état de siège proclamé le 13 décembre 1981. Il supervisa une vaste opération policière qui a débouché sur l’arrestation d’onze mille opposants politiques en 1985. Il est rendu responsable de la mort, à l’âge de 37 ans, du père Jerzy Popieluszko, torturé et assassiné le 19 octobre 1984 par trois policiers après avoir célébré de nombreuses messes défiant les communistes (il fut béatifié le 6 juin 2010 à l’initiative du pape polonais Jean-Paul II). Alors ministre tout puissant, le général Kiszczak fut soupçonné en particulier par le journaliste et historien, opposant politique, Adam Michnick.

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Les premiers pourparlers aboutirent à une table ronde du 6 février au 5 avril 1989. Les séances ont réuni la coalition gouvernementale communiste ainsi que les partis d’opposition. Elles se déroulèrent dans la salle du conseil des ministres et furent coprésidées par Czeslaw Kiszczak et Lech Walesa.

Dès août 1980, Lech Walesa a été considéré comme un élément modérateur : « L’Église nous conseille d’être toujours modérés, d’être conscients, de trouver un compromis. (…) C’est nous [Solidarnosc] qui modérons les gens. C’est grâce à nous qu’on ne tire pas sur le pouvoir, si le pouvoir n’a pas encore été rejeté. (…) Sans nous, il y aurait déjà la révolte populaire. Et c’est d’ailleurs un pouvoir conscient des dimensions de la crise économique qui a permis peut-être la création de Solidarnosc en sachant que nous jouerions un rôle d’amortisseur raisonnable qui protégera le pouvoir et le parti contre la colère populaire. ».

Parmi les délégués communistes (du pouvoir), il y a eu Aleksander Kwasniewski*, Czeslaw Kiszczak°, Leszek Miller° et Jozef Oleksy° et parmi les délégués de l’opposition, Bronislaw Geremek, Adam Michnik, Lech Walesa*, Lech Kaczynski*, Jaroslaw Kaczynski°, Tadeusz Mazowiecki° et Jan Olszewski° (* : futur Président de la République ; ° : futur Premier Ministre).

L’objectif du général Jaruzelski, qui était le secrétaire général du parti communiste (POUP, en polonais PZPR) et devenu chef de l’État à partir du 6 novembre 1985 (il était auparavant, depuis le 11 février 1981, Président du Conseil des ministres), c’était de lâcher un peu de leste en faisant participer les opposants à la vie politique sans réaliser de grands changements démocratiques.

Trois ateliers furent créés à cette table ronde, un sur la réforme démocratique, un autre sur le pluralisme, et un troisième sur les mesures économiques et sociales. Les enjeux étaient donc nombreux, entre l’augmentation des salaires et le pluralisme des prochaines élections, l’étendue des pouvoirs du Président et la participation des opposants à la vie médiatique.

L’accord de la table ronde

Le 5 avril 1989 ont été signés des accords historiques avec la création d’un véritable poste de Président de la République (Wojciech Jaruzelski n’était que « Président du Conseil d’État de la République populaire de Pologne » et le pouvoir était situé à la tête du POUP), la restauration du Sénat (ce qui fut très important dans le processus de démocratisation), l’instauration d’un Conseil national de la magistrature, la clarification des pouvoirs de la Diète (Chambre des députés) et surtout, une nouvelle loi électorale qui devait permettre plus de pluralisme et de liberté aux électeurs.

Concrètement, la Constitution du 22 juillet 1952 fut amendée le 7 avril 1989 pour le Sénat et le Président de la République qui devint le véritable chef de l’exécutif. 299 sièges des 460 de la Diète (soit 65%) ont été réservés à la coalition communiste dont 35 élus sur une liste nationale, tandis que les 161 sièges restants (35%) ainsi que 100% des 100 sièges au Sénat ont été ouverts à toutes les candidatures même non « officielles ». Des élections complètement libres ont été promises dans un délai de quatre ans. Le 13 avril 1989, les électeurs furent convoqués pour les 4 et 18 juin 1989, pour élire leurs députés dans 108 circonscriptions. Le 17 avril 1989, la Cour suprême de Pologne enregistra Solidarnosc comme « parti légal ».

Selon certains opposants de la première heure (de 1980), les généraux Kiszczak et Jaruzelski avaient poursuivi les négociations en permanence sous la surveillance de Moscou.

La campagne électorale

La campagne électorale a eu lieu avec beaucoup d’incertitudes sur les résultats. La situation était sans précédent et les sondages peu fiables. Adam Michnik a créé un nouveau journal d’opposition « Gazeta Wyborcza » et Solidarnosc a obtenu 23% du temps d’antenne à la télévision polonaise.

Si les communistes étaient sûrs de garder la majorité à la Diète grâce aux 65% de sièges réservés, ils ne voulaient pas avoir le monopole des sièges et craignaient une trop faible représentation de l’opposition qui aurait conduit à la contestation du résultat des urnes.

Lech Walesa avait refusé d’être candidat, considérant que d’autres étaient plus adaptés au rôle de parlementaire. Au contraire, Stanislaw Kania (voir plus bas) était candidat du POUP.

Une campagne très dynamique de Solidarnosc, se basant sur la popularité de Lech Walesa, a été relayée partout dans le pays, avec également le soutien de l’Église catholique de Pologne et d’artistes étrangers comme Jane Fonda, Nastassja Kinski et aussi Yves Montand.

Le premier tour

Le premier tour des élections législatives s’est déroulé le dimanche 4 juin 1989, le même jour que le massacre des manifestants chinois sur la place Tiananmen à Pékin et le lendemain de la mort de l’ayatollah Rouhollah Khomeiny. Ce contexte fut essentiel pour comprendre les révolutions contre le communisme en 1989 : au contraire des dirigeants chinois, Mikhaïl Gorbatchev avait définitivement renoncé à la répression sanglante contre les opposants politiques dans les pays communistes en Europe.

Ce premier tour fut à la fois un véritable plébiscite pour l’opposition politique (Solidarnosc) et une débâcle pour les partis de la coalition communiste au pouvoir depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Seulement 3 députés communistes ont été élus au premier tour, et seulement 34 candidats du pouvoir ont obtenu plus de 40% des suffrages.

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En effet, Solidarnosc a « raflé » dès le premier tour 160 des 161 sièges pluralistes de la Diète qui leur étaient accessibles ainsi que 92 des 100 sièges du Sénat. Bronislaw Geremek et Adam Michnik furent élus députés. Le soutien populaire des candidats de Solidarnosc fut de 60% à 80% des voix avec des pointes à 89,3% (Mieczyslaw Gil) pour la Diète et à 82,5% (Zofia Kuratowska) pour le Sénat.

Le grand bémol à la grande victoire de Solidarnosc, ce fut la faible participation des électeurs polonais, dubitatifs sur la sincérité du processus démocratique engagé par le pouvoir communiste et découragés par la complexité du mode de scrutin, avec un taux de participation de seulement 62,7%.

Le second tour

Après une rencontre le 6 juin 1989 entre des représentants de Solidarnosc, du clergé et du gouvernement, un changement de loi électorale fut décidé le 12 juin 1989. Parmi les sièges réservés au pouvoir communiste, une liste nationale de 35 candidats était prévue, mais seulement 2 candidats ont été approuvés au premier tour et les 33 autres ont été rejetés. Les autorités ont donc créé 33 circonscriptions supplémentaires pour le second tour pour supprimer le principe de la liste nationale et faire élire le reste des candidats nationaux dans des districts, réservés au pouvoir communiste.

Le second tour qui a eu lieu le dimanche 18 juin 1989, le même jour que les élections européennes dans les pays de l’Union Européenne, a eu un taux de participation encore plus faible, de 25%. Ce qui était compréhensible puisqu’il restait principalement des candidats de la coalition communiste à élire même si certains candidats « officiels » étaient parfois soutenus par Solidarnosc. Il restait 295 députés et 8 sénateurs à élire au second tour.

Au total, Solidarnosc a obtenu les 161 sièges « libres » de la Diète, le Parti communiste (POUP) 173, le Parti paysan (ZSL) 76, le Parti démocrate 27, l’Association Pax 10, l’Union sociale-chrétienne 8 et l’Association catholique sociale polonaise 5 (ces cinq derniers sont des partis satellites membres du Front d’unité nationale au pouvoir avec le POUP).

Quant au Sénat, Solidarnosc a eu 99 sièges dès le premier tour, et les indépendants soutenus par le POUP ont obtenu le dernier siège. Le seul candidat de Solidarnosc qui n’a pas été élu au Sénat (Piotr Baumgart) n’avait pas mis de photo avec Lech Walesa sur ses affiches de propagande. Mais ce détail n’est pas en mesure d’expliquer son échec car il n’était pas le seul à s’être présenté sans l’image de Lech Walesa (ils n’étaient qu’une vingtaine à s’être présentés à ses côtés, et la plupart des autres ont quand même été élus).

Solidarnosc a donc gagné ces élections au-delà de toute espérance et les communistes ont eu une défaite monumentale en dépit du « trucage » institutionnalisé qui leur permettait de préserver leur majorité absolue à la Diète. Malgré cela, ils sont arrivés à peine devant Solidarnosc avec seulement douze sièges d’avance.

Ces élections ont montré que le pouvoir communiste n’était réellement soutenu que par environ 3 à 4% des Polonais.

Les changements de l’été 1989

Le 23 juin 1989, les députés de Solidarnosc se sont rassemblés dans le groupe OKP présidé par Bronislaw Geremek.

Le 4 juillet 1989, la législature s’ouvrait. Mikolaj Kozakiewicz (1923-1998) du ZSL avait été élu Président de la Diète tandis qu’un peu plus tard, Andrzej Stelmachowski (1925-2009) de l’OKP fut élu Président du Sénat le 22 novembre 1989.

Le 19 juillet 1989, le général Jaruzelski s’est fait élire Président de la République par 270 voix contre 230 et 34 abstentions (à quelques voix de la majorité), et ce dernier nomma le 2 août 1989 Czeslaw Kiszczak Président du Conseil des ministres pour former le nouveau gouvernement en remplacement de Mieczyslaw Rakowski (1926-2008) nommé secrétaire général du POUP le 29 juillet 1989. Le nouveau Premier Ministre pensa attribuer à Solidarnosc quelques ministères pour éviter toute contestation et légitimer le nouveau gouvernement, à partir d’un contrat de législature.

Mais les dirigeants de Solidarnosc ont été plus subtils et surtout politiquement plus habiles, car ils ont réussi à profiter au maximum des règles du jeu électorales pourtant biaisées. En effet, entre les deux tours, Solidarnosc avait soutenu un certain nombre de candidats des partis satellites au POUP pour le second tour afin d’éviter une majorité absolue communiste. Et après le second tour, les dirigeants de Solidarnosc ont réussi à constituer une véritable coalition majoritaire autour du premier parti d’opposition, empêchant la formation d’un gouvernement communiste.

Après l’échec des discussions, Czeslaw Kiszczak renonça à former un gouvernement et donna sa démission le 14 août 1989. Tadeusz Mazomiecki fut alors chargé de former le gouvernement le 19 août 1989 en réunissant autour de lui Solidarnosc, le Parti paysan et le Parti démocrate (à eux trois, ils avaient 264 sièges, soit la majorité absolue à la Diète sans le concours des communistes).

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Finalement, Tadeusz Mazomiecki a obtenu le 24 août 1989 son investiture avec une large majorité, les députés communistes se ralliant au dernier moment à la coalition dirigée par Solidarnosc. Le 21 août 1989, le nouveau chef des communistes, Mieczslaw Rakowski avait téléphoné à Mikhaïl Gorbatchev qui avait encouragé les communistes polonais à rallier un tel gouvernement.

Czeslaw Kiszczak représenta donc les communistes au sein du gouvernement en restant Ministre de l’Intérieur (jusqu’au 6 juillet 1990) avec rang de Vice-Premier Ministre. Trois autres communistes furent également membre de ce gouvernement dont le général Florian Siwicki (mort le 11 mars 2013), qui resta Ministre de la Défense (du 22 novembre 1983 au 6 juillet 1990).

Ce fut donc le premier gouvernement non communiste formé dans un pays satellite de l’Union Soviétique. Et le début de la fin pour l’Europe communiste. Ce fut sans doute également la plus longue transition (les élections législatives réellement libres n’eurent lieu que deux ans plus tard) mais ce passage fut réalisé sans effusion de sang.

Après l’été 1989…

La Constitution polonaise (qui était sur le modèle de celle de Staline de 1936) fut une dernière fois amendée le 29 décembre 1989 pour retirer toute référence à un État socialiste en rebaptisant le pays « République de Pologne » à partir du 1er janvier 1990, avant d’être abrogée définitivement le 17 octobre 1992. Le POUP s’est autodissout le 24 janvier 1990 et la plupart de ses membres ont créé l’Alliance de la gauche démocratique.

Après la démission du général Jaruzelski, consécutive à la dissolution de son parti, le POUP, Lech Walesa fut élu Président de la République de Pologne au suffrage universel direct le 9 décembre 1990 avec 74,3% des voix et prit ses fonctions le 22 décembre 1990. Donnant l’image d’un homme trop conservateur, Lech Walesa fut ensuite battu par Aleksander Kwasniewski à l’élection présidentielle suivante, le 19 novembre 1995, en recueillant seulement 48,3% des voix. Il se représenta également à l’élection présidentielle du 8 octobre 2000 où il n’obtint que 1,4% des voix, classé en sixième position, et il abandonna la politique après son échec aux élections législatives du 23 septembre 2001.

Quant au Premier Ministre Tadeusz Mazowiecki (mort le28 octobre 2013), en désaccord avec Lech Walesa, il s’est présenté contre lui à l’élection présidentielle du 25 novembre 1990 (il n’a obtenu que 18,1% des voix, classé au troisième rang au premier tour). Après son échec électoral, il démissionna de la tête du gouvernement le 14 décembre 1990, assurant les affaires courantes jusqu’au 12 janvier 1991. Plus généralement, Solidarnosc n’a pas résisté à la fin du communisme et a éclaté en plusieurs partis.

Le 27 octobre 1991 se sont tenues les premières élections législatives complètement libres, pour élire une nouvelle Diète et un nouveau Sénat. L’Alliance de gauche démocratique, héritière du POUP et dirigée par Aleksander Kwasnieswski, a chuté de 173 à 60 sièges à la Diète avec seulement 12,0% des voix (21,2% et 4 sièges au Sénat), ce qui l’a mis en deuxième position derrière l’Union démocratique de Tadeusz Mazowiecki (12,3% et 62 sièges à la Diète ; 32,8% et 21 sièges au Sénat).

En 2004, le général Kiszczak fut jugé responsable de répressions sanglantes et condamné à quatre ans de prison (peine non appliquée). On a cherché aussi à juger le général Jaruzelski mais en vain, en 2001 pour sa responsabilité dans la répression de 1970 à Gdansk et en 2006 pour ses crimes communistes et l’instauration de l’état de siège en 1981.

Au-delà de la Pologne

Autour de la Pologne, ce vent de libéralisation politique a jeté l’Europe socialiste dans un jeu de dominos avec comme événement majeur la chute du mur de Berlin le 9 novembre 1989 et la Réunification allemande le 1er octobre 1990 (Lech Walesa amorça lui-même la chute d’un domino lors du 20e anniversaire de la chute du mur de Berlin), mais aussi la démission de Bruno Staub, Président hongrois, le 23 octobre 1989 ; la démission de Todor Jivkov, Président bulgare, le 10 novembre 1989 ; la nomination d’un gouvernement non communiste en Tchécoslovaquie le 10 décembre 1989, l’élection d’Alexander Dubcek à la Présidence du Parlement tchécoslovaque le 28 décembre 1989 et l’élection de Vaclav Havel à la Présidence de la République tchécoslovaque le 29 décembre 1989 ; la chute des époux Ceaucescu le 22 décembre 1989 et leur exécution filmée le 25 décembre 1989 ; pour conclure à Moscou avec la fin de l’Union Soviétique le 25 décembre 1991.

Même en Albanie, où sévissait le régime le plus répressif en Europe, le successeur d’Enver Hodja et dictateur communiste Ramiz Alia (mort le 7 octobre 2011) démissionna le 3 avril 1992 et Sali Berisha fut élu démocratiquement Président de la République d’Albanie le 9 avril 1992.

La victoire de l’idée européenne sur le communisme international

Aujourd’hui, un jeune Européen n’aura évidemment pas vécu, en dehors des témoignages et des livres d’histoire, cette révolution extraordinaire qui libéralisa l’ensemble du territoire est-européen après quarante-cinq ans de ce qu’on pourrait appeler une « occupation communiste » et dont la crise ukrainienne est le dernier soubresaut (au même titre que la guerre civile en ex-Yougoslavie).

Il était politiquement impensable et moralement inacceptable que l’Union Européenne ne s’élargît pas vers l’est. Les débats à l’ouest faisaient pourtant rage au début des années 1990 pour vouloir une véritable réforme institutionnelle avant (et pas après) l’élargissement. Ce fut l’inverse qui s’est passé, avec un élargissement finalement tardif, les 1er mai 2004 et 1er janvier 2007, presque vingt ans après cette révolution, soit bien plus tardivement que pour la Grèce, l’Espagne ou le Portugal.

Parmi les grands acteurs de cette époque encore vivants à ce jour, outre Czeslaw Kiszczak (88 ans) et Lech Walesa (70 ans), il y a aussi Stanislaw Kania (87 ans), qui fut secrétaire général du POUP du 6 septembre 1980 au 18 octobre 1981. Partisan des réformes politiques et économiques et de l’indépendance par rapport à l’URSS, Stanislaw Kania avait succédé à Edward Gierek (1913-2001) qui accepta l’Accord de Gdansk le 31 août 1980 (reconnaissance officielle du syndicat Solidarnosc), signé par le Vice-Premier Ministre Mieczyslaw Jagielski (1927-1997) et par Lech Walesa.

Stanislaw Kania fut balayé avec la remise au pas de la Pologne par Moscou en imposant le général Jaruzelski tant à la tête du gouvernement (le 11 février 1981) qu’à la tête du POUP (le 18 octobre 1981). L’histoire reste encore floue sur l’interprétation exacte de l’état de siège du 13 décembre 1981, seule solution de survie nationale pour éviter une intervention militaire de l’URSS selon les communistes, ou consigne directement contrôlée par l’URSS selon les opposants politiques.

La réalité historique est que le général Jaruzelski n’a commencé à envisager un véritable assouplissement du régime communiste qu’à partir du moment où le « grand frère » a engagé les premières réformes de la perestroïka et de la glasnost après l’arrivée au pouvoir de Mikhaïl Gorbatchev (83 ans) le 11 mars 1985.

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