Europe, ton raffinage fout le camp!

Publié le : 05 septembre 20185 mins de lecture

Dans une Brève du 13 août, je vous signalais ma surprise de la décision du groupe ExxonMobil d’investir un Milliard de dollars dans sa raffinerie d’Anvers et j’y voyais deux explications. Soit la constatation qu’une groupe pétrolier ne pouvait se passer d’aval, le raffinage et la distribution, et que donc  il fallait rester sur le concept traditionnel des multinationales pétrolières, de leur implication de l’exploration/production jusqu’à la distribution au consommateur final au lieu de la spécialisation en Pure Player à la Conoco. Soit une hypothèse à la « un train peut toujours en cacher un autre » selon laquelle il pouvait s’agir du premier signe d’une décison de spécialisation du groupe sur tel ou tel creneau de ses différentes raffineries européennes pour répondre à un avenir plutôtyerne de cette industrie sur notre continent.

Les nouvelles récentes sur le plan du raffinage mondial ne sont malheureusement pas très positives pour le raffinage européen.Les marges, comme je vous l’avais indiqué dans ma brève, ont baissée de 66 pct à 8,7 Dollars/Baril et se traduiront par des pertes considérables en 2014 dont 7 à 800 millions d’euros en France seulement. Or quand il y a perte durable, il y a restructuration à l’horizon.

La faute à une baisse régulière de la consommation depuis des années sous les coups de boutoirs du manque de croissance en Europe, de la stigmatisation de la circulation automobile et routièrecomme responsable des émissions de carbone et du réchauffement climatique, de l’inversion de certains flux de produits des Etats Unis vers l’Europe au lieu de l’inverse, et de la construction en Asie du Sud est et au Moyen Orient dans les pays producteurs  de nouvelles capacités de production.

Par exemple le raffinage européen avait profité de la demande active aux Etats Unis et de la limitation du raffinage américain pour y exporter régulièrement l’excédent de sa production d’essence, en même temps qu’il importait de Russie les volumes de gazole qu’il ne pouvait pas produire dans la configuration « classique » de ses raffneries. Les gaz de schistes aux Etats Unis sont passés par là qui ont cassé le prix de l’énergie là bas, remplacé le brut dans certaines raffineries et donc fait baisser également le prix des bruts américains. Résultat, ils ne nous achètent plus, ou moins, de notre essence excédentaire,et au contraire exportent jusqu’en Europe des cargaisons de gazole en prenant avantage de l’hypercompétitivité actuelle de leur outil de raffinage.  

Du coté des pays producteurs du Moyen Orient , ceux çi ont compris depuis longtemps qu’ils valoriseraient beaucoup mieux leur richesse pétrolière en raffinant eux mêmes au lieu de vendre seulement leur brut. Les productions des outils de raffinage qu’ils avaient décidés de construire arrivent maintenant sur le marché. Après la raffinerie de Jubail en Arabie séoudite sur le golfe persique à l’est c’est celle de Yanbu qui va démarrer à l’ouest sur la Mer Rouge tandis que à Abu Dhabi va ouvrir également celle de Ruwais.En Inde également va s’ouvrir le complexe dit Paradip.Avec dans tous les cas des raffineries infiniment plus modernes que les raffineries européennes  et plus proches des marchés émergents de l’Asie du sud est. A signaler aussi au Brésil celle de Petrobras dans l’Etat de Pernambouc et celles érigées en Chine.

D’içi la fin de l’année, ce sont 1,6 millions de barils/jours de capacité de raffinage nouvelle, soit 2pct de la production mondiale, qui vont deverser leurs produits dans le monde et mettre la pression sur les prix, y compris dans la zone européenne. De quoi fragiliser encore davantage notre raffinage européen.

Quels sont les sites les plus menacés? Ceux situés en Italie, proche du moyen orient via Suez , mais tous les autres en Europe et en France le sont en fonction de la modernité de leurs instlalations et de leurs appropriations aux besoins du marché. L’ENI a déjà annoncé son intention de réduire sa capacité de raffinage de 50 pct et l’autrichien OMV a également annoncé des fermetures. Pas d’annonces pour la France, mais nul doute qu’on peut se poser des questions sur les installations de Fos/Berre, voire sur les raffineries intérieures comme Feyzin dont la localisation n’est pas idéale.*

Bref, l’avenir de ce raffinage européen n’est quand même pas très rose, en particulier au sud et surtout si comme l’a annoncé le nouveau président de l’Egypte, la capacité de transit du Canal de Suez peut être étendue.

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