Ils rêvaient des dimanches

Ils rêvaient des dimanches – Christian Signol Albin Michel (2008) Dans l’introduction, Christain Signol explique les raisons qui l’ont conduit à écrire ce livre. Il a voulu rendre hommage à ses grands-parents, et en particulier à son grand-père Germain. Il raconte qu’il a utilisé des éléments de la vie de Germain dans certains de ses livres précédents. Mais ici, il a voulu se consacrer entièrement à lui et a recueilli des informations sur sa famille pendant plusieurs années avant d’écrire cet ouvrage.

Un soir, sur un chemin qui m’est cher, en mettant mes pas dans les pas de ceux qui m’ont précédé sur cette terre, j’ai senti frissonner l’arbre du silence. […]

C’est ce jour-là que j’ai ressenti le besoin de faire revivre ces êtres auxquels je dois tout, et grâce auxquels les miens sont passés – comme beaucoup de familles françaises –  de la basse paysannerie à l’université en moins de soixante ans. Grâce à leur travail, à leur force, à leur courage et à leur souffrance. Et parce que ce sont mes grands-parents qui personnifient le mieux cette évolution patiente mais acharnée, c’est d’eux dont je parlerai dans ces pages qui aujourd’hui, sont devenues pour moi une nécessité.

Petit paysan du Causse, né à la fin du XIXème siècle, Germain a été élevé loin de sa mère, Eugénie, partie gagner sa vie à Paris.  Puis Eugénie s’est quasiment acheté un mari, elle a repris son fils avec elle et s’est installée dans la ferme isolée de son époux. Commence alors pour Germain une vie de labeur et de privations constantes, où le fruit du travail ne fournit pas toujours les moyens de survivre. L’enfant fréquente l’école, où il est bon élève, mais dès que les travaux de la ferme nécessitent des bras, il doit abandonner l’étude et les livres.  Puis, à neuf ans,  à la mort de son beau-père, il est placé dans une ferme, chez un patron violent et rustre. Plus tard, il choisira de devenir boulanger, persuadé d’avoir ainsi toujours à manger et d’assurer sa sécurité en exerçant un métier indispensable aux autres.

Je ne m’attendais pas à autant apprécier cette lecture. Je n’avais jamais lu Christian Signol, j’en savais peu de choses. Pour moi, c’était un auteur du terroir, si cette classification veut dire quelque chose. Une fois de plus, j’avais des préjugés qui ne reposaient sur rien de concret.

L’histoire est bien sûr très émouvante, j’ai perçu tout l’amour qu’y a mis l’auteur pour évoquer ses ascendants. J’ai aussi apprécié le style tout en finesse, les descriptions d’une nature sauvage et ingrate. Ces vies dédiées au travail dans des conditions épouvantables, elles ne sont pas si éloignées de nous dans le temps et pourtant, elles le sont de notre quotidien. En ce sens, ce livre peut aussi se lire comme un documentaire, tant les gestes et les habitudes sont clairement détaillés. Par moment, je visualisais presque ce que lisais.

Une lecture choc qui reste longtemps en tête, bien après avoir tourné la page de fin.

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