La BCE à l’attaque: Du bon et du moins bon?

Ainsi donc la BCE  et son flamboyant « commendatore » Mario Draghi vient de décider d’apporter sa pierre à la relance de l’activité économique européenne en faisant ce qui en principe ne lui est pas autorisé par les traités européens qui confinent son activité à la politique monétaire et à la lutte contre l’inflation.

Il a annoncé en effet le passage à l’acte en ce qui concerne le programme de rachat de dettes privées et publique, en principe « de qualité » et la distribution d’argent à pas cher aux banques pour qu’elle soutienne l’investissement. Une politique semblable à celle que la FED américaine a pratiqué avec son « quantitive easing » ou facilitation quantitative et dont elle commence à sortir, mais à ceci près que son statut ne le lui autorise pas en principe. C’est en effet aux parlements nationaux qu’il revient en principe de décider de telles politiques.

Faut il que la situation soit grave pour que l’on accepte un changement de statut risqué de ce type, proche à mon sens de ll’illégalité ou du coup d’Etat, et ce avec un avis négatif du représentant allemand au sein du conseil des gouverneurs, Jens Weidmann? Bien  sur, cela reflète les opinions des responsables politiques d’une majorité de pays européens de la zone Euro qui réclament de la relance parce qu’essentiellement ils n’ont pas su faire les reformes structurelles necessares ou que,pour ceux qui les ont faites, elles ont été très/trop douloureuses pour les populations.

Espérons donc que ce programme fournissent les résultats que l’on attend de lui. Il va s’inscrire pourtant dans un cadre d’opposition des pays à l’orthodoxie financière, sur le principe et sur la méthode, puisqu’elle aurait du être faite en alignant en quelque sorte la mission de la BCE sur celle de la Fed américaine qui est le péché originel de la construction de la zone euro.Mais sans doute un tel changement de statut aurait il pris trop de temps à mettre en place. Ceci dit cela ne nous met pas à l’abri d’avis négatif sur la conformité de cette décision aux traités européens que pourraient émettre la Cour de Karlruhe ou la Cour européenne.

Passons sur ces apects juridiques et constitutionnel qui sera sans doute abordé suite à plainte par les cours de justices européenne. Qu’en est il sur le fond économique de ce programme?

On peut remarquer qu’avec un taux de prêt d’argent aux banques européennes de 0,05 pct qui n’a pas de reél sens, on devrait en effet susciter de la demande de cet argent pas cher partout en Europe. La question est que va on en faire? On en attend la facilitation de prêts à l’industrie pour que celle çi investisse dans des installations de production nouvelles, performantes et qui puisse la rendre plus compétitive qu’elle n’est et in fine générer des emplois nouveaux . Ce sera sans doute vrai dans les pays et les sociétés les,plus performant(e)s. Ca ne le sera pas nécessairement chez ceux dont les capacités de production ne sont pas saturées, comme c’est le cas en France et sans doute dans d’autres pays du sud de l’Europe.Si vous demandez aux banquiers de quoi ils manquent pour prêter, ils vous diront assez consensuellement que c’est plus de projets dont ils manquent que d’argent pas cher.

Quant au second volet de rachat de dettes de plus ou moins bonne qualité cela va libérér en effet de l’argent immobilisé dans les bilans des banques mais ,… voir remarque ci dessus, pour quel usage? Cela risque de se traduire par le rachat surtout de dette publique là aussi de qualité discutable ce qui est peut être bien ce qu’en sous main espère notre classe politique. Imaginez que la BCE nous débarrasse d’un coup de baguette magique de 500 des 2000 milliards d’euros de dettes du pays à à,05 pct de taux de prêt, voila qui allègerait largement le service de la dette, d’une quinzaine de milliards par an si ces emprunts ont été fait à 3 pct!

Quant Monsieur Draghi rappelle que ces mesures ne seront pas suffisantes et qu’il faut que les politiques fassent aussi leur travail, ca veut bien dire que le travail;désagréable, les fameuses réformes structurelles qui sont, en plus clair, le dégraissage lourd des mammouths des organisations administratives des Etats, reste à faire si l’ont veut que cette relance à coup d’impression de billets puisse avoir un réel effet.?

Autre risque la BCE risque de devenir la Bad Bank, ou banque de défaisance, de l’Union Européenne car la valeur des emprunts de bonne qualité de l’industrie européenne est probablement plus proche des 300 à 500 milliards et pas des 1000 que Monsieur Draghi a mentionné comme engagement maximal de la BCE. Parions que pour arriver à cet objectif on se laissera aller à des achat d’emprunts de qualité très moyenne pour lesquels la BCE n’est pas vraiment couverte.

Enfin on risque d’entrer dans les pratiques que nous avions critiquées chez les banques américaines de titrisation de créances de mauvaise qualité qui se sont traduite par la crise des subprimes, l’éclatement de la bulle et la crise économique de 2008.

Un point positif sûr, ce programme va faire baisser l’euro par rapport au dollar ce qui devrait favoriser les exportations de la zone euro mais également augmenter les prix des matières premières importées que l’on retrouvera dans les prix de revient.

Tout cela pour dire qu’il y a à boire et à manger dans le plan Draghi qui tient quand même pas mal de la fuite en avant à la demande et au profit des classes politiques des mauvais élèves de la classe.

Mais….Pouvions nous vraiment nous en passer?

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