La chute des princes

La chute des princes – Robert Goolrick Traduit de l’anglais par Marie de Prémonville Editions Anne Carrière (2014)

Grandeur et décadence d’un trader new-yorkais dans les années 80. Il a vécu comme un prince, cumulant tous les excès : alcool, drogue, sexe. Il a gagné des millions de dollars, en a dépensé autant. Il a échappé aux ravages du sida mais a vu ses amis tomber comme des mouches. Et puis un jour, tout s’est effondré pour lui aussi : il a perdu son travail, sa femme a demandé le divorce.

Toutes les portes se sont refermées devant lui, il a touché le fond pendant deux ans, survivant en partie grâce à la lecture d’À la recherche du temps perdu de Marcel Proust. C’est aussi grâce à sa connaissance de l’œuvre qu’il a trouvé un emploi dans une librairie. Depuis, sa vie a bien changé, monotone et sans éclat. Il se souvient des folies de sa jeunesse, il raconte les moments marquants de son existence, sans complaisance et ne cherche pas à se justifier, s’étonnant même d’avoir survécu.

Un livre fort et percutant d’un auteur que je découvre. J’ai pris beaucoup de plaisir à cette lecture alors que le sujet, à priori, aurait dû me rebuter.  Mais l’auteur garde une certaine retenue dans la description des  épisodes de fêtes et de beuveries, le côté trash des situations étant atténué par les regrets  du narrateur, qui jamais ne se glorifie de ses succès passés ni de ses excès. L’évocation de quelques figures secondaires apporte aussi de vrais moments de tendresse et d’amitié. A découvrir sans hésitation !

Un extrait page 63 :

En ville, j’ai dégoté une gigantesque tente marocaine qui m’a coûté vingt-cinq mille dollars, que j’ai fait monter sur la pelouse et remplir de banquettes et de coussins en soie, et aussi de tables basses marocaines. J’ai fait suspendre des lustres, ça ressemblait à un sérail dédié au sexe. Il faisait une chaleur d’enfer, là-dedans, on se serait cru sous la chaleur d’un cirque déglingué par un après-midi de juillet à Reno, Nevada. Mais la toile était magnifiquement brodée et rehaussée de milliers de miroirs minuscules – c’était d’une beauté à couper le souffle. Depuis le premier étage de la maison, on surplombait le toit de la tente, si c’est bien ce qu’on dit pour une tente, et c’était comme regarder les étoiles d’en haut, avec tous ces miroirs qui scintillaient, et la lueur douce des bougies tamisée par la toile.

Curieusement, il y a beaucoup de similitudes entre La chute des princes et une lecture précédente, Trente ans et des poussières de Jay McInerney. Il s’agit de la même époque, dans une ambiance similaire et les héros vivent des expériences proches. Mais dans Trente ans…, le lecteur accompagne le jeune couple dans les crises qu’il doit surmonter et ne sait rien du futur. Ici, le temps a passé et c’est un narrateur assagi et solitaire qui raconte sa jeunesse enfuie.

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