La femme de ménage et le politique

La vie politique prend parfois des allures de fable moderne façon La Fontaine. La scène se passe dans le département de l’Aisne. Marie-Jeanne Parfait est la femme de ménage depuis presque 30 ans de la petite mairie de Marle (2360 habitants). Yves Daudigny en fût le maire pendant 18 ans avant de devenir président du conseil général en 2001.

Ce poids lourd du PS local, il est également sénateur, pensait qu’après trente années comme conseiller général du canton de Marle, sa réélection ne serait pas une formalité mais qu’elle était acquise au deuxième tour. Les électeurs en ont décidé autrement en l’éliminant dès le 22 mars. Du presque banal. Sauf que cet échec, il le doit en partie à Marie-Jeanne, candidate avec un chauffeur-livreur d’un binôme FN qui a récolté 31,75% des suffrages. Marie-Jeanne, une petite fonctionnaire sans histoire, poussée dans les bras du FN parce qu’elle ne pouvait pas payer une consultation médicale chez un spécialiste parisien à son petit-fils …A chacun de réfléchir à la morale qui pourrait conclure cette histoire.

La question pourrait être posée au hiérarque de Solferino qui le soir du premier tour s’en sortait par une pirouette face aux médias : »Comme on avait annoncé une déroute, une défaite est déjà une victoire ». La blaguounette à 2€ est restée dans un tiroir le 29 mars au soir. La vague bleue du 2ème tour constitue un important revers de plus pour le PS qui, en 2012 encore, disposait de tous les leviers et dominait outrageusement les institutions nationales et locales.

Les années et mois qui ont suivi ressemblent à une lente mais inexorable descente aux enfers avec son cortège de ruptures avec les alliés de gauche, de divisions internes et d’échecs électoraux.

A juste titre, certains observateurs font remarquer que la rue de Solferino souffre de n’avoir pas su (ou voulu) analyser les raisons du 21 avril 2002 qui, on le mesure pleinement aujourd’hui, n’était pas un simple accident électoral.

Le danger qui guette la gauche dans son ensemble est réel. Ce serait celui d’une poursuite du déclin du PS et sa réduction à un niveau qui ne rendrait plus possible l’alternance face au bloc UMP-UDI qui s’est constitué. Le salut, c’est aussi l’un des enseignements du dernier scrutin, ne viendra pas des autres formations politiques de gauche, totalement laminées. De même, n’en déplaise à quelques barons locaux, l’existence d’oasis de socialisme municipal dans un océan national de désolation est une douce illusion.

Au lendemain de la défaite militaire de 1871, Ernest Renan avait appelé à un sursaut intellectuel et moral de la classe politique. Nous en sommes là. Soit la vieille maison socialiste sort de sa léthargie intellectuelle à peine masquée par des réformes sociétales à visée électoraliste soit, elle disparaîtra. Doucement, mais assurément.

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