L’Art postal à bride abattue

Publié le : 28 août 20183 mins de lecture

L’Art postal, ou Mail Art, est aujourd’hui devenu une discipline à part entière des arts plastiques qui consiste à illustrer des enveloppes dûment affranchies et confiées à La Poste pour être remises à leurs destinataires. Certes, on pourrait penser qu’il prolonge, à l’âge adulte, la magie des collections de timbres de l’enfance, mais il va bien au-delà puisque certains artistes utilisent ce medium comme support principal de leurs créations.

Si, de nos jours, le courriel se substitue progressivement aux lettres, si celles-ci voyagent en avion, en TGV ou en camion, le cheval resta longtemps le moyen de transport du courrier – La Poste à chevaux fut démantelée en 1873, suite au développement du chemin de fer. On ne s’étonnera donc pas qu’un collectionneur passionné d’art postal comme Pierre-Stéphane Proust ait consacré à cet animal un ouvrage sous le titre Le Cheval en toutes lettres(Hugo Image, 162 pages, 19,50 €), lequel est aussi le catalogue de l’exposition éponyme qui se tiendra jusqu’au 7 septembre à l’Abbaye aux Dames de Caen (Calvados).

Expression d’un art populaire si l’on considère les réalisations des voyageurs, notamment anglais, du XIXe siècle qui écrivaient à leurs amis, ou des soldats qui rassuraient leurs proches, cartes postales, imprimées ou décorées à la main, télégrammes illustrés, tous ces supports contribuèrent à la naissance de l’art postal. Le livre en propose de beaux exemples historiques sur le thème équestre, parfois naïfs, parfois très travaillés, au crayon, à la plume ou polychromes. La majeure partie de l’ouvrage se compose toutefois d’enveloppes d’artistes, décorées par des plasticiens contemporains qui les adressèrent à l’auteur pendant plus de quinze ans. Une brève notice biographique accompagne leurs travaux.

Ces enveloppes témoignent d’une réelle démarche esthétique jusque dans le choix des timbres qui y sont apposés, bien en adéquation avec le thème de l’illustration. Grâce à une cinquantaine de créateurs sollicités, se dessinent des visions très variées du cheval, du calligramme d’Alain Lambert à l’audacieux éventail d’Annie-Christine Blanloeil, en passant par l’onirisme de Monica Fagan, le fantastique de Lukas Kandl, la bande dessinée de Joyeux et de Jérôme Jouvray, les approches très « art brut » de Jean Branciard et « figuration libre » de Michel Julliard, le polyptique de Philippe Charron, les collages d’Aube Elléouët-Breton et beaucoup d’autres.

Cet hommage au cheval qui, de Delacroix à Weisbuch, fut une constante source d’inspiration pour les artistes, s’inscrit dans le cadre des Jeux équestres mondiaux qui se dérouleront en Normandie du 23 aout au 7 septembre.

Illustration : Annie-Christine Blanloeil, Eventail.

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