Regard sur l’Ouganda

Allez ! Je me fends d’un texte sans prétention sur ce beau pays, texte où s’entremêleront les données objectives que j’ai, et mon regard, forcément subjectif. Sur le drapeau ougandais, la grue cendrée, bel oiseau aux couleurs vives.

L’Ouganda, c’est cette minuscule tache verte sur le globe. Et « verte » lui va bien, car le pays l’est. Il est  à peu près grand comme la moitié sud de la France (j’aurais pu dire nord aussi) et compte aux environs de 35 millions d’habitants. Tapez sur un moteur de recherche « pays dont la population est la plus jeune au monde »… et ? L’Ouganda ! Plus de la moitié de sa population a moins de 18 ans. Bon, ces données datent un peu : 2008. Mais des enfants, il y en a de partout, vraiment. Des tous mignons, tous dodus.

Parce que je ne constate pas, du moins dans la zone où je vis, à 1200 mètres d’altitude et au bord du Lac Victoria, de la malnutrition ou de la misère telle qu’on la voit, par exemple, au fin fond du Maroc, dans des douars abandonnés. La nourriture, elle se cueille, elle se ramasse. Hassan, notre guide du safari au Murchison nous a confié : « L’Ouganda peut accueillir des réfugiés, nous avons TROP à manger ». Je ne perçois donc pas de pénurie alimentaire ici, ce qui ne veut pas dire qu’il n’y en ait pas dans d’autres contrées du pays. L’Est, apparemment, est plus malmené que le Sud, dixit mes étudiants.

Churchill avait surnommé l’Ouganda «La perle de l’Afrique ». Aujourd’hui encore j’entends cette phrase prononcée avec une fierté certaine par les ougandais. Il y a un côté « so british » hérité de la colonisation. Dans les comportements, avec ce quant-à-soi qu’on prête volontiers à nos amis d’outre-Manche, ou encore dans les jardins, entretenus même dans les zones rurales les plus excentrées…

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L’Ouganda a connu sa période sombre avec le si célèbre Amin Dada, mais, ce qu’on sait moins c’est que la période qui a suivi, Obote, n’a pas été tendre non plus avec les populations.

Les ougandais, quand ils parlent d’eux, parlent de tribus. Chacun se revendique de la sienne et des coutumes qui accompagnent cette appartenance. Ils se moquent assez volontiers de « l’étranger », c’est-à-dire de celui qui n’est pas de la même tribu. Sachant que le sentiment national est prépondérant dans l’armée, ailleurs je n’en suis pas certaine. Certaines tribus ont encore un roi, devenu, au fil du temps, une espèce de préfet représentant le gouvernement sur le territoire qu’il administre.

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Aujourd’hui, la stabilité politique est aussi liée à ces années dans « la fosse aux serpents ». Les paysans, l’Ouganda est aux trois quarts agricole, soufflent et se réjouissent de ces quelques vingt années de paix, depuis l’arrivée en 1986 du Président Museveni. Certes, le bonhomme s’accroche au pouvoir, comme souvent en Afrique, et j’ai déjà remarqué des affiches pour sa candidature en 2016, pour les prochaines élections, mais globalement cet homme est apprécié. Il a notamment beaucoup travaillé à la scolarisation des enfants et sur les problématiques de santé.

L’Ouganda participe aux efforts des armées plurinationales (avec notamment Burundi et Djibouti), AMISOM, dans des zones telles que la Somalie. L’Ouganda lutte contre les shebabs. Longtemps une organisation catholique intégriste, la LRA, a perpétré attentats et crimes sur le sol ougandais. Cette armée rebelle a fini par rendre les armes en 2013, même s’il reste, repliés en République Démocratique du Congo, quelques groupuscules isolés se revendiquant de cette organisation.

Je sens un pays apaisé bien qu’ayant conscience que je n’en vois que la superficialité.

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Ce pays est religieux. Très. Être sans Dieu, ou de manière autre qu’à travers une église adoubée parait inconcevable aux ougandais. Mais la cohabitation des religions semble se faire sans trop de mal. Mieux, il existe une certaine mouvance entre les confessions. Un petit garçon de ma connaissance, dont la mère est musulmane, préfère aller à l’église avec ses potes. La mère n’y voit pas d’inconvénient. Je n’ai pas l’impression que l’apostasie soit un sujet dans l’air du temps… Cependant, et à mon avis c’est inquiétant pour ce pays, les sectes de type « born again » grignotent du terrain. Ce sont des sectes adventistes venues tout droit des États-Unis, dont les pasteurs, aux prêches virulents, me cassent parfois les oreilles quand je descends en ville, le samedi.

Ce sont elles qui ont obtenu le durcissement des lois contre l’homosexualité. Le conseil d’état ougandais a cependant retoqué la peine de mort pour les homos, quelques semaines avant que je ne débarque dans ce beau pays. Je pense, par contre, qu’être gay en Ouganda doit être difficile : ce n’est pas admis.

Mais j’avais été assez scandalisée quand « Le petit journal » de Yann Barthès avait proposé sur Canal, une caricature de ce que je vois ici, tendant à faire accroire que ce pays se repliait dans une bigoterie d’un autre âge. Parce qu’ici, les femmes, s’habillent bien comme elles l’entendent (c’était l’un des sujets abordés). Je veux dire par là que les vêtements sont souvent si moulants qu’il est impossible d’échapper visuellement au moindre petit bourrelet ou os, c’est selon.

Alors, l’égalité hommes/femmes ? C’est bien difficile à définir. De petites choses à raconter… comme par exemple le fait que ce sont les hommes qui s’occupent des ongles des femmes, un peu à la manière des cireurs de chaussures. Dans les rues, ces messieurs s’installent sur un coin de trottoir, avec une mallette pleine de vernis de toutes les couleurs, et ces dames s’offrent pédicure et manucure. Les tâches ménagères semblent réparties. Ici, au pâté de maison, je vois indifféremment les deux sexes s’occuper du linge, du balai, des carreaux. Seule, finalement, la cuisine semble être un domaine assez réservé à la gente féminine. Et encore, les hommes aident à l’épluchage des légumes.

C’est du côté du viol et des violences faites aux femmes en général que le bât blesse. Au point que le Président Museveni a promis la cour martiale et l’accusation de haute trahison à tout militaire qui serait accusé de viol.

La délinquance ? Pas le jour en tout cas, ou alors très peu. Car si l’agresseur est coincé par la foule, il est battu à mort. La nuit, par contre, il ne fait pas bon trainer dans les rues sombres ou en rase campagne, et seul(e).

Voilà, j’ai à peu près fait le tour de ce que j’ai appris sur ce pays. Si l’on parle assez longuement avec un ougandais, il vous confiera quand même que la corruption est un fléau et que les inégalités sociales sont fortes. Il vous dira peut-être aussi, parce c’est ce qui m’est arrivé, qu’il préfère parler avec un blanc plutôt qu’avec un de ses semblables très riche. Son concitoyen le traitera comme un insecte.

Quoiqu’il en soit, les ougandais que je connais sont gais, aimables, souriants, gentils, avec un sens aigu de la politesse. La politesse est fondamentale ici, je passe mon temps à dire bonjour, y compris parfois dans les rues de Jinja. Et cette politesse, certes culturelle, est drôlement agréable.

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