Comment conjuguer développement durable et intelligence?

Les questions à propos du développement durable et des évolutions souhaitables pour faire du développement durable une priorité négligent trop souvent l’intelligence dans les applications pratiques.  Comment conjuguer développement durable et intelligence?

Comprendre ce qui se passe, repérer les mécanismes et les analyser, ceux qui vont influencer le cours de la vie, c’est pas mal. Le développement durable en a bougrement besoin, de l’intelligence, pour permettre à l’humanité globalement, et à chaque communauté plus restreinte, de bien vivre tous ensemble et toujours plus nombreux, tout en réduisant notre pression sur la planète et ses ressources. Moins de matière, plus de matière grise, voilà une définition schématique du développement durable, qui dit les choses clairement. On en trouve de nombreuses applications, mais il faudra aller beaucoup plus loin sur cette voie.

Intelligence, développement durable et applications pratiques

Quelques exemples pour fixer les idées. On a beaucoup parlé, il y a un temps, de la maison intelligente. Plein de capteurs, d’ordinateurs, qui vous réveille quand il faut, vous préparent le petit déjeuner, vous bercent le soir d’une musique tendre, et gère votre consommation d’énergie au petit poil. Ça n’a pas vraiment marché, parce que les esprits n’étaient pas murs, et que l’intelligence n’était pas au point. Il y a quand même eu de suites, notamment des systèmes de régulation, et les esprits se sont habitués à l’informatique. Le retour prochain de la maison intelligente, dans une perspective d’économies d’énergies dans une politique post Grenelle, ne serait pas surprenant. Une expérience est en cours dans une résidence d’Alfortville (Val de Marne) équipée d’ascenseurs munis d’écrans[1] pour informer les habitants de l’actualité de leur immeuble et leur permettre d’échanger des bons plans. Attendons-nous à des nouveautés.

L’intelligence a fait son apparition sur les réseaux d’alimentation. Des eaux, à Aubagne par exemple, ou la pose sur les pompes de variateurs de vitesse a permis de réduire les pointes et d’obtenir à la fois une eau de meilleure qualité et une économie de 20% d’énergie. Alimentation électrique, avec le compteur intelligent qui permet au particulier de piloter sa consommation, et au fournisseur d’électricité de lisser les courbes. C’est qu’il va falloir intégrer sur le réseau toutes les énergies renouvelables, souvent variables, intermittentes. Le consommateur devient aussi producteur, avec la maison à énergie positive[2], et c’est le réseau qui devra permettre de mettre la production en regard avec les besoins. On parle de réseau intelligent, de smart grid. Il y a aussi les fenêtres intelligentes, qui s’occupent toutes seules de leurs stores quand il n’y a personne au foyer, pour récupérer la chaleur du soleil, mais pas la surchauffe d’été. L’Europe a décidé de réaliser 20% d’économies d’énergie au cours des prochaines années : l’intelligence des maisons et des réseaux, celle des systèmes de mobilité des personnes et des marchandises, avec des centrales de location[3] et de partage de moyens, rend cet objectif facilement atteignable, pourvu que le grand public y prenne goût.

Ne nous réjouissons pas trop vite : l’intelligence n’est pas toujours sollicitée. Surtout si elle favorise des solutions légères et économiques. Les grosses structures préfèrent des solutions à leur image, massive et uniforme, qui gagnent en économies d’échelle, mais sont indifférentes à la diversité des contextes. L’intelligence, ce sera du sur mesure de masse, les bienfaits de la quantité croisés à ceux de la réponse fine et circonstanciée à chaque besoin.

La culture populaire est une forme d’intelligence trop souvent négligée. Attention, elle est souvent conservatrice, et il faut la bousculer, mais quelle puissance pour véhiculer des savoir-faire, des attitudes économes. L’intelligence ne peut être durablement solitaire. Elle est présente partout, sous des formes variées qu’il convient de déceler pour les confronter, les conjuguer. Mobiliser l’intelligence des acteurs, c’est en connaître les moteurs, les stimulants pour les activer et en faire profiter chacun, dans un effet de boule de neige. Les objectifs du type « facteur 4 », à savoir améliorer notre efficacité énergétique dans un rapport 4, semblent irréalistes pour certains spécialistes. Ils ont raison si l’effort est strictement technocratique, porté par une politique administrée de manière traditionnelle. La seule chance de succès est la mobilisation de toute la société, les crânes d’œuf et le plus modeste des agents d’exécution, qui a sa propre intelligence de la vie.

Le développement durable, c’est l’intelligence à plusieurs.

[1] Ecran, chronique du 28/04/2008)
[2] Positif (17/05/2007)
[3] Location (07/03/2006 et n°37 dans Coup de shampoing sur le développement durable, www.ibispress.com )
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