A-t-on vraiment entamé une phase d’austérité en France pour se confirmer à la politique de rigueur économique et financière qui a été impulsée en Europe à la demande de l’Allemagne d’Angela Merkel?
Quand on entend dès l’annonce du Gouvernement Valls 2 les syndicats et certains politiciens monter au créneau en s’inquiétant de la poursuite d’une voie menant à une austérité terrible, on peut en sourire ou rire jaune, c’est selon. S’ils estiment que la politique menée par François Hollande ressemble à de l’austérité alors qu’elle n’est faite que de demi mesures ou de non choix, c’est qu’ils ne doivent pas beaucoup regarder autour d’eux ou ignorent tout simplement le sens du mot austérité … Je ne dis pas que l’austérité est le bon choix : un remède de cheval est-il préférable à aucun remède?
Que l’on cesse de parler de l’austérité imposée par Hollande car mis à part des augmentations d’impôts (le plus facile en soi), il n’y a aucune réforme allant de près ou de loin vers l’austérité, l’équilibre des finances, la relance de l’emploi … Le problème du chef de l’Etat et du gouvernement en manque de cohérence jusqu’alors, c’est justement qu’ils ne réalisent pas de réformes en profondeur, n’ont aucun cap, donc forcément ne savent pas où ils veulent aller et n’osent pas remettre en question ce que la plupart des pays en crise ont du supprimer ou du moins mettre entre parenthèse pour essayer de relancer leur économie et le pays tout entier… Quid des aides sociales à tout va qui servent à acheter la paix sociale? Quid des retraites dont le système est mort bien que personne ne veuille l’admettre? Quid de la sécurité sociale au-delà du déremboursement pratique de quelques médicaments pour faire illusion?
L’austérité en Grèce, en Espagne, au Portugal, dans ces pays où l’on calcule hélas vraiment le chômage comme il se doit et non comme en France où l’on s’arrange dans les comptes en excluant 3 millions de RSA… Ce sont des retraites et parfois même des salaires taillés d’au moins 30%, des effectifs de la fonction publique qui n’augmentent certainement pas mais sont supprimés à hauteur de 20 à 30%, des pertes de « privilèges » mais aussi de choses élémentaires comme une protection sociale pour la santé ou le chômage, des concessions importantes dans le droit du travail pour gagner en souplesse sans se demander si les travailleurs vont devoir travailler 35h, car le plus important, c’est déjà d’avoir un travail et de vivre de son travail et non de multiples aides servant d’amortisseurs et rappelant que celui qui travaille mais ne gagne pas assez pour vivre décemment est le dindon de la farce pour gaver ceux qui ont compris qu’en ne travaillant pas, ils gagneront plus ….
François Hollande savait en réalité dès 2010 qu’il irait vers une ligne sociale libérale (la sienne depuis toujours en fin de compte). La même qui ne fait plus recette dans les pays où elle a connu son heure de gloire en Scandinavie par exemple dans les années 90 ou au début des années 2000. Est-ce une manie française liée à l’exception culturelle que de décider d’une voie quand elle ne marche plus à l’instar des résultats des rythmes scolaires menés en Allemagne depuis des décennies et dont on ressent les limites désormais. François Hollande a trahi nombre d’électeurs en prônant en campagne l’inverse de ce qu’il allait appliquer, car on sait aussi que l’électeur ne supporterait pas qu’on lui dise la vérité sur une situation et choisirait alors l’illusion qu’un magicien avec une baguette magique pourrait tout changer et faire cesser le chômage, remplir les caisses de l’Etat sans demander aux contribuables de payer la facture. Et maintenant que François Hollande a profité de deux ans et demi pour mettre à des postes majeurs des ministres pensant l’exact contraire de tout ce qu’il soutenait, que peut-on espérer? Que devrait-on prôner pour que la France retrouve enfin sa place de puissance en Europe et ne vive pas dans l’illusion de son illustre passé en faisant semblant grâce à certaines interventions dans le monde d’être encore un grand pays?
On a l’habitude de dire que les Français sont toujours pour des réformes à condition qu’elles ne les touchent pas personnellement… Les Français désirent-ils vraiment des réformes et sont-ils prêts à en accepter les efforts, voire les sacrifices et les renoncements? Tandis que la France est finalement de plus en plus marginalisée en Europe comme dans le monde, que faudrait-il pour que les Français se mettent un peu plus en cohérence avec les besoins de leur pays que ne le font nos gouvernants depuis des années, voire des décennies? Comment demander à un gouvernement « de gauche » de toucher en profondeur à un système social français auquel on est légitimement attaché pour ses garanties importantes, mais que le pays ne semble plus avoir les moyens de financer et de viabiliser? Accepteriez-vous par exemple une hausse de la TVA comme celle imposée par l’Allemagne de Schröder pour tenter de sortir l’Allemagne de la situation très difficile qui la frappait en 2003?