Lutte contre le paludisme ; de grands progrès depuis 15 ans

Publié le : 09 janvier 201910 mins de lecture

« La lutte mondiale contre le paludisme est l’un des grands succès de la santé publique ces quinze dernières années. » (Dr. Margaret Chan, directrice générale de l’OMS, le 17 septembre 2015).

Ce jeudi 17 septembre 2015, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS, WHO en anglais), l’instance de l’ONU sur la santé publique mondiale, a publié un nouveau rapport sur la lutte contre le paludisme, intitulé « Achieving the Malaria Millenium Development Goal Target » (qu’on peut télécharger ici), signé par Margaret Chan, la directrice générale de l’OMS, et Anthony Lake, le directeur exécutif de l’Unicef.

En l’an 2000, l’OMS s’était défini un certain nombre de priorités, et en particulier lutter efficacement contre le paludisme, la tuberculose et le sida. Le paludisme est l’une des maladies qui tuent le plus dans le monde et elle est pourtant techniquement facile à prévenir ou à soigner, mais pour cela, il faut des fonds d’aide. Un vaccin semble même en bonne voie.

Qu’est-ce que le paludisme ?

Rappelons rapidement ce qu’est le paludisme, appelé aussi dans les pays anglo-saxons malaria (c’est la même chose). Il s’agit d’une maladie infectieuse causée par un parasite, le Plasmodium falciparum, un protozoaire qui est transmis à l’homme par la glande salivaire de près de cinquante des plus de cinq cents espèces connues d’anophèle femelle, un moustique qui est très fréquent dans les zones tropicales et dans les marais. Il existe aussi trois autres espèces de Plasmodium dans des zones géographiques différentes, le Plasmodium vivax, le Plasmodium ovale et le Plasmodium malariae, qui sont un peu moins dangereux.

Ce parasite, une fois dans le corps humain, est véhiculé par le sang et se loge dans le foie, où il se reproduit mais n’y est pas encore actif. Lorsqu’il sort du foie, il rejoint la circulation sanguine et fait éclater les globules rouges.

C’est lorsque ces globules rouges sont détruits que la fièvre survient, qui peut être très élevée (41°C), celle-ci peut donc survenir plusieurs jours voire semaines après l’inoculation du protozoaire et se répéter régulièrement tant qu’il reste présent dans l’organisme. Certaines complications peuvent survenir lorsque les tissus cérébraux sont atteins et entraîner un coma. Sans soins, la maladie est mortelle, principalement pour les plus faibles, en particulier les enfants de moins de 5 ans et les femmes enceintes.

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Comment éviter le paludisme ?

Il existe trois types de protection pour les hommes. D’une part, se protéger des piqûres de moustique dans les zones à risque (essentiellement tropicales, voir la carte qui peut évoluer, notamment à cause du changement climatique), en utilisant des moustiquaires, en recouvrant les parties dénudées du corps, en aspergeant la peau, les vêtements et les moustiquaires de produits sprays qui font répulsion, et aussi en employant des « armes chimiques » (comme le DDT), souvent abandonnées en raison de leurs nuisances écologiques. D’autre part, prévenir la maladie avec certains médicaments, si la chloroquine est de moins en moins efficace à cause de souches résistantes, d’autres molécules comme la méfloquine sont efficaces pour servir de boucliers préventifs.

Hélas, c’est un bouclier qui coûte cher. Il faut compter environ 150 euros pour un mois. C’est donc possible pour les voyageurs soucieux de leur santé, pour des courts séjours dans une zone à risque, mais c’est beaucoup moins facile de l’avoir pour les habitants permanents (cela coûte près de 2 000 euros par an !). C’est donc évidemment une maladie de pays pauvres à double titre : parce que les pays pauvres n’ont pas les moyens de protéger l’ensemble de leur population par l’ingestion d’un médicament préventif en permanence, et parce qu’ils sont généralement situés en zone tropicale. C’est l’un des fléaux les plus mortels du continent africain.Enfin, la voie vaccinale semble très prometteuse. Le 8 août 2013, des chercheurs américains avaient par exemple annoncé d’excellents résultats lors de l’essai clinique en phase 1 d’un vaccin contre le paludisme, qui a donné 100% de protection chez 6 des 9 adultes ayant reçu une forte dose (40 personnes de 20 à 44 ans avaient participé à cet essai clinique). Les tests doivent être étendus à plus de personnes d’origine géographique diverse et vérifier la permanence de leur protection dans la durée. Ces recherches ont été menées par le laboratoire Sanaria et financées notamment par l’Institut national américain des allergies et des maladies infectieuses (NIAD) et le Naval Medical Center. Un autre vaccin, moins protecteur et en phase clinique plus avancée (phase 3), avait été développé par l’organisation non gouvernementale Path, le laboratoire britannique GlaxoSmithKline et la Fondation Bill Gates, dont les résultats ont été publiés en 2012.

Lorsque la maladie est déclarée, il est urgent de se faire traiter le plus rapidement possible, avec de la quinine (pour lutter contre la fièvre) et des antibiotiques ou antipaludiques.

Des statistiques encourageantes sur le paludisme en 2015

En quinze ans, le taux de mortalité du paludisme dans le monde a chuté de 60%. Cela signifie 6,2 millions de vies épargnées, surtout des enfants, c’est énorme ! Mais ce n’est pas suffisant pour autant. L’objectif du Millénaire pour le développement (Millennium Development Goal) a donc été atteint, qui consistait à avoir « maîtrisé le paludisme et commencé à inversé la tendance » d’ici 2015. C’est une « inversion de courbe » qui, elle, n’est pas imaginaire ni virtuelle. En quinze ans, le nombre de nouveaux cas de paludisme a baissé de 37%.

En effet, un nombre croissant de pays sont sur le point d’éliminer le paludisme. Treize n’ont recensé aucun cas en 2014, six autres pays ont recensé moins de 10 cas. Les baisses les plus rapides sont dans le Caucase et en Asie centrale (aucun cas), et aussi en Asie orientale.

La guerre n’est cependant pas terminée. En 2015, les estimations font état encore de 214 millions de nouveaux cas et 438 000 personnes tuées par la maladie, pour plus des deux tiers, des enfants de moins de 5 ans. Mais les progrès sont éloquents. En 2010, 655 000 personnes sont mortes du paludisme, et en 2000, il y en a eu 985 000, c’est-à-dire 2 personnes par minute. Il faut se rappeler que près de la moitié de la population mondiale, à savoir 3,2 milliards de personnes, vit dans des zones à risque.

Quinze pays d’Afrique subsaharienne représentent les quatre cinquièmes des cas de mortalité dus à cette maladie (80% des cas de paludisme, 79% des décès, au niveau mondial). Ces pays sont entre autres le Nigeria, l’Inde, l’ex-Zaïre et le Mali, Les principales victimes sont des enfants qui sont dans des zone très isolées et très pauvres.

Anthony Lake, de l’Unicef, est donc sans ambiguïté : « Nous savons comment traiter et prévenir le paludisme. C’est donc une obligation. ». Celle d’atteindre ces enfants et de les traiter et soigner.

Les progrès de la lutte sont proportionnels aux financements

En quinze ans, les financements multilatéraux dans le monde pour lutter contre le paludisme ont été multipliés par vingt (en 2014, l’ensemble de ces fonds a atteint environ 2,7 milliards de dollars). Les budgets nationaux des pays concernés ont eux aussi progressé. Certains États africains ont fait de la lutte contre le paludisme leur priorité de santé publique. Des pays comme Madagascar, le Burkina Faso (victime d’un coup d’État ce 16 septembre 2015), le Niger, la Guinée-Bissau et la Tanzanie ont notamment fait beaucoup d’effort.

Depuis 2000, environ un milliard de moustiquaires aspergées d’insecticide ont été distribuées en Afrique. Le résultat, c’est que maintenant, 68% des enfants de moins de 5 ans en Afrique subsaharienne peuvent en bénéficier et dormir protégés (ils n’étaient que 2% en 2000).

Un nouveau plan pour la période 2015-2030 a été mis en place pour se focaliser sur la population des quinze pays les plus touchés par le paludisme, nécessitant de nouveaux fonds d’aide. Pour atteindre les objectifs de l’OMS, il faudrait un financement de 6,4 milliards de dollars en 2020 et jusqu’à 8,7 milliards de dollars en 2030.

Le but est très ambitieux puisqu’il s’agit d’éradiquer cette maladie de la planète, ce qui est, je le répète, techniquement possible. Comme on le voit, les progrès sont simplement proportionnels aux fonds investis dans cette cause mondiale.

Voilà une action extraordinairement positive des Nations Unies en faveur de la préservation de la vie humaine. 6,2 millions de sauvés et sûrement bien plus dans un avenir proche. Lorsque la raison l’emporte sur l’indifférence, il peut y avoir …des grands miracles !

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